Nouvelle démonstration de force de la part des taxis. A Strasbourg, ceux-ci ont en effet réussi à faire annuler la participation d'un dirigeant d'Uber France à l'une des conférences programmées lors du salon i-Novia, qui se déroule au parc des expositions de la Ville les 7 et 8 octobre, à en croire Dernières Nouvelles d'Alsace (DNA). Si vous avez manqué le début, La Tribune récapitule.
A l'occasion de la 9e édition du salon strasbourgeois dédié aux nouvelles technologies et aux entrepreneurs, Alexandre Molla, le directeur du développement d'Uber France devait animer demain jeudi à 11h une conférence présentant les coulisses de l'entreprise créée par Travis Kalanick il y a six ans et qui a révolutionné le marché du transport de personne. Autant dire que la société semblait s'incrire, on ne peut mieux, dans le thème du salon.
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La menace des taxis
Il n'en a pas fallu davantage pour que les taxis s'agacent. Quatre syndicats de taxis ont donc appelé leurs adhérents bas-rhinois à manifester le jour J entre 9h30 et 13h, devant le parc des expositions, explique DNA. Mardi, ils revendiquaient ainsi la mobilisation d'au moins 150 taxis, promettant de bloquer intégralement l'accès au salon.
De quoi obliger le commissaire du salon, Michel Blanck à annuler la venue d'Uber afin d'éviter tout débordement. Celui-ci l'a annoncé mercredi en fin de matinée dans un communiqué relayé par DNA. Et Michel Blanck ne se cache pas de céder "sous la pression du syndicat départemental des Artisans du Taxi du Bas-Rhin":
"Le Salon i-Novia des Nouvelles Technologies & Entrepreneurs se voit dans l'obligation d'annuler la conférence « UBER ». [...] Nous avons dû prendre cette décision sous la pression du Syndicat Départemental des Artisans du Taxi du Bas-Rhin qui prévoyait de bloquer tout l'accès au Salon. [...] Nous souhaitions vraiment pouvoir offrir aux visiteurs cette conférence et remercions la Société UBER de leur intérêt pour i-Novia, mais les circonstances nous l'empêchent aujourd'hui."
Mais les taxis n'ont pas attendu la publication de ce communiqué pour afficher leur contentement sur Twitter. En témoigne la réaction d'un "actif dans le monde du taxi à Bruxelles" (c'est ainsi qu'il se présente sur son blog), qui publiait mardi soir la capture d'écran d'un courriel de l'organisateur du salon daté du mardi 6 octobre à 16h54, "confirmant" l'annulation de la conférence Uber :
On notera au passage le qualificatif de "hors la loi" utilisé pour qualifier la société qui met en relation chauffeurs de VTC (véhicules de transport avec chauffeurs) et passagers. Preuve s'il en fallait une que l'interdiction d'UberPop (qui permettait de mettre en relation des passagers avec des chauffeurs particuliers et non professionnels) est en train de raviver les tensions des taxis à l'égard des VTC en général et d'Uber en particulier.
Contactée par La Tribune, la préfecture locale n'avait pas encore réagi à l'heure de la publication de l'article.
Uber veut faire le point
De son côté, Uber a exprimé sa "stupeur" suite à l'annulation de la conférence. Reprenant les termes qui avaient été utilisés le 24 juin après les violences extrêmes des taxis à l'encontre des utilisateurs des services d'UberPop, l'entreprise a ainsi estimé:
"Il est totalement inacceptable dans un Etat de Droit de voir qu'une petite minorité connue pour être particulièrement violente puisse empêcher la bonne tenue d'une conférence, pourtant engagée en toute sérénité et ouverture d'esprit. Ces menaces démontrent une fois de plus qu'une minorité de taxis refuse tout changement et toute concurrence".
Le communiqué précise que le Directeur général d'Uber France, Thibaud Simphal, a "sollicité le soutien des forces de l'ordre pour assurer la sécurité des chauffeurs partenaires de l'équipe d'Uber à Strasbourg". Et "il a également émis le souhait de pouvoir rencontrer le Préfet de Région dans les prochains jours, afin de faire le point sur la situation locale". En attendant, le match continue.
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