Comment la RATP valorise le foncier de ses ateliers et dépôts urbains

Les Ateliers Vaugirard (15e arrondissement de Paris) sont le troisième site parisien de la Régie à entamer sa mue. Comme pour les Ateliers Jourdan et le centre bus Lagny, le programme mise sur les programmes immobiliers mixtes construits en hauteur pour valoriser le foncier et financer les travaux.
Dominique Pialot
400 logements seront construits au-dessus des Ateliers de maintenance de la ligne 12
400 logements seront construits au-dessus des Ateliers de maintenance de la ligne 12 (Crédits : @Christ & Gantenbein)

La première pierre du projet a été posée le 19 février. Il s'agit de transformer les Ateliers Vaugirard, qui assurent depuis 1910 la maintenance des métros de la ligne 12, en vue de l'arrivée d'un nouveau matériel roulant en 2026. Comme avant lui, les sites des ateliers Jourdan (dans le 14e arrondissement) inaugurés en novembre 2017, et le centre bus Lagny (20e arr.) ouvert en novembre 2015, la modernisation et l'agrandissement du site de la RATP s'accompagnent de programmes immobiliers mixtes.

Les programmes de logements, notamment, s'inscrivent dans le cadre d'un protocole d'accord signé en décembre 2014 entre la Ville de Paris et la RATP, et qui vise la construction de 2.000 logements d'ici à 2024, dont 50% de logements sociaux, sur les huit chantiers prévus.

Logements, commerces et équipements publics

À Vaugirard, 400 logements, dont la moitié de logements sociaux en partie destinés aux agents RATP, vont être construits. Sur une superficie de 2,3 hectares s'ajouteront une halte-garderie, des commerces de bouche, 700 mètres carrés d'agriculture urbaine, et une toiture végétalisée de 15.000 mètres carrés, ce qui en fait la plus grande de Paris. Aux Ateliers Jourdan, 660 logements ont été construits, également accompagnés d'une crèche et une halte-garderie et d'espaces végétalisés. À Lagny, 30.000 mètres carrés de bureaux abritent 1.800 emplois tertiaires dans un quartier jusqu'alors essentiellement résidentiel.

La recette est partout la même : aux sites industriels RATP cantonnés en sous-sols et souvent agrandis à l'occasion, sont ajoutés (verticalement ou par juxtaposition) logements, bureaux, commerces et équipements publics. Les recettes issues de la vente des permis de construire au-dessus de leur emprise au sol financent la quasi-totalité des travaux de transformation.

Le foncier de la RATP occupe 750 hectares, dont 500 ha de tunnels et voies, et seulement 250 ha de bâtiments industriels (25 centres bus, 20 ateliers de métro et des installations techniques).

Maintien d'emplois ouvriers en ville

Les dépôts concernés sont prêts à être raccordés au réseau électrique en vue de la conversion progressive de la flotte de bus. Celle-ci devra être 100% « propre » d'ici à 2025, grâce à des bus électriques, hybrides (destinés à terme à disparaître) et au gaz. Un appel d'offres pour 1.000 bus électriques, divisé en trois lots, a été lancé. Dès 2020, le dépôt de Lagny sera le premier dépôt électrique. « Pour des raisons d'autonomie et de sécurité, les dépôts destinés aux bus roulant au gaz sont ceux des lignes effectuant plus de 250 kilomètres par jour et se situent plutôt en banlieue », précise Marie-Claude Dupuis, la directrice de la stratégie et de l'innovation du groupe.

« Ces opérations répondent à nos objectifs de maintien d'activités industrielles en ville, de limitation de l'étalement urbain et de l'allongement des trajets domicile/travail, et des voyages à vide pour nos bus... » ajoute-t-elle. Ces aménagements contribuent en outre à la mixité sociale et fonctionnelle de la ville.

Savoir-faire exportable

La régie parisienne (dont la filiale RATP développement est présente en province mais aussi dans 14 pays étrangers) entend bien exporter ce savoir-faire acquis sur ses installations parisiennes. Dans les pays émergents, le contexte est d'ailleurs en général plus simple sur le plan technique, car par définition il n'est pas nécessaire de s'adapter à l'existant..

Côté gouvernement, l'exemple donne des idées et d'autres entreprises publiques (EDF, Engie, SNCF, La Poste) pourraient être sollicitées sur des schémas similaires.

Dominique Pialot

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 21/02/2019 à 12:40
Signaler
Bien sûr, à l'ère d'internet qui nous fait penser que tout serait possible seulement virtuellement on se lance facilement mais on se rend très vite compte qu'on a besoin malgré tout de supports physiques tel l'immobilier. Le patrimoine est une ri...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.