C'est fait. Comme l'indiquait ce vendredi matin La Tribune, Bruno Le Maire a annoncé sur TF1 un plan de sauvetage "historique" d'Air France d'un montant de 7 milliards d'euros sous forme de prêts : 4 milliards d'euros de prêts garantis par l'Etat et trois milliards d'euros de prêts directs. Soit quasiment ce que demandait la direction, qui était partie dans les négociations avec une demande de 8 milliards d'euros. La dernière aide de l'Etat reçue par Air France date de 1994 (3 milliards d'euros d'aide directe).
Conditions de rentabilité et de perfomance environnementale
"Nous sommes derrière Air France, derrière les salariés d'Air France pour garantir notre indépendance et sauvegarder les emplois", a déclaré le Ministre de l'Economie et des Finances.
"Ce n'est pas un chèque en blanc. Nous avons fixé des conditions à Air France, des conditions de rentabilié parce que c'est l'argent des Français, donc il faut qu'Air France fasse des efforts pour être plus rentable et des conditions écologiques qui sont des conditions fermes. Air France doit devenir la compagnie aérienne la plus respectueuse de l'environnement de la planète", a-t-il expliqué.
Selon nos informations, l'Etat a garanti les prêts bancaires à hauteur de 90%.
Une augmentation de capital pourrait intervenir qui pourrait intervenir au plus tard à l'issue de mai 2021 est envisagée pour renforcer les fonds propres du groupe, a indiqué Air France-KLM.
"Dans ce cadre, l'Etat français a indiqué son intention d'examiner les conditions de sa participation", a indiqué le groupe.
Entre 2 et 4 milliards d'euros de prêts pour KLM
Air France-KLM pourra également compter sur les prêts que va obtenir KLM aux Pays-Bas.
"Le gouvernement a l'intention de fournir une aide financière de deux à quatre milliards d'euros à KLM", a déclaré le ministre des Finances Wopke Hoekstra lors d'une conférence de presse à La Haye, indiquant que la forme et les détails de cette aide étaient encore à l'étude.
Selon nos informations, la compagnie néerlandaise négocie un prêt d'environ 3 milliards d'euros (2,9 milliards exactement), voire 3,5 milliards d'euros. Trois milliards semblent suffisants, mais KLM cherche néanmoins à obtenir 500 millions supplémentaires pour avoir plus de marges de manoeuvre.
Ces prêts apporteront un grand bol d'oxygène au groupe terrassé par la crise du Covid-19. La quasi-totalité de la flotte est clouée au sol. Sa maison-mère, Air France-KLM, perd 25 millions d'euros par jour. Sans trésorerie, Air France-KLM n'avait pas de quoi survivre à partir de septembre.
Au-delà de la crise actuelle, la reprise s'annonce longue et difficile. N'assurant plus que 2 à 3% de son programme, Air France envisage une reprise très progressive de ses vols en juin d'abord sur le réseau intérieur, puis peut-être sur des lignes européennes en juillet, et ne s'attend pas à une vraie reprise à l'international (hors Europe) avant septembre. En interne, le directeur général d'Air France-KLM, Ben Smith, dit espérer atteindre d'ici à la fin de l'année un niveau d'offre de 60 à 75% par rapport à ce qui était prévu avant la crise, et au mieux de 80 % fin 2021.
Restructuration
Pour être en mesure d'assurer les remboursements alors que l'activité pourrait ne pas revenir à son niveau de 2019 avant 2022, Air France prépare un plan choc de restructuration pour atteindre d'ici à deux ans les objectifs fixés initialement pour fin 2024. Cela passe par la réduction des coûts fixes, la baisse des coûts dans les fonctions support et la réorganisation du marché domestique. La combinaison d'une réduction d'activité et des effets des gains de compétitivité vont générer des sureffectifs. Un ou des plans de départs volontaires devraient être déclenchés.
"Cet exceptionnel soutien de l'Etat français n'est pas un chèque en blanc. Nous allons devoir nous montrer à la hauteur de cette confiance. Face au bouleversement que connaît le monde, nous allons devoir repenser notre modèle, tout de suite. Nous travaillons depuis des semaines à l'avenir de notre Groupe et de nos compagnies, à l'accélération de notre transformation. J'aurai l'occasion de vous en parler très prochainement. Celle-ci ne va avoir qu'une seule priorité : retrouver le plus vite possible une performance économique et financière, pour rester dans la course", a déclaré Ben Smith dans un message envoyé aux salariés.
Renault devrait obtenir 5 milliards d'euros de prêts garantis par l'Etat.
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