L'épidémie de Covid-19 flambe. Et pourtant, tous les professionnels du tourisme espèrent voir le bout du tunnel avec l'application, d'ici à l'été, d'un passeport sanitaire européen, seul moyen de relancer le voyage aérien sans attendre la fin de la crise sanitaire. Présenté ce mercredi par la Commission européenne, ce certificat sanitaire prévu "avant juin" selon le Commissaire européen au marché intérieur Thierry Breton, doit permettre de lever les restrictions de voyage comme les fameuses quarantaines qui plombent le transport aérien. Il pourra en effet intégrer un certificat de vaccination pour les personnes vaccinées ou un certificat d'immunité justifiant la présence d'anticorps chez les personnes qui ont été touchées par le Covid. Pour ceux qui n'ont ni l'un ni l'autre, ce pass pourra contenir un certificat de test PCR et les Etats devront ensuite préciser les conditions d'entrée sur leur territoire.
"C'est clairement l'outil que nous attendions pour que les gouvernements puissent s'accorder avant l'été prochain", a déclaré ce mardi Thomas Juin, le président de l'Union des aéroports français (UAF). "Le maître-mot, c'est de voyager sans quarantaine. Sans cela, il est illusoire de considérer toute reprise", a-t-il ajouté.
La question de tempo
Se disant "plus optimiste" qu'il ne l'était il y a quelques mois, Thomas Juin nourrit néanmoins des inquiétudes sur le temps que prendra la France pour décider d'appliquer le mode opératoire de la Commission. Il ne voudrait pas que les aéroports français ratent le train de la reprise pour une question de tempo.
"Il y a déjà des Etats, comme la Grèce, qui ont envoyé un certain nombre de messages pour l'été prochain (sur la levée des quarantaines, ndlr), et l'on voit déjà des réservations qui se concentrent sur ces pays-là", explique Thomas Juin. "Il faut que la France se positionne le plus rapidement possible et envoie des signaux à toute la filière touristique afin que l'été prochain - voire même à partir de mai pour une période de rodage - nous puissions garantir aux passagers qui partent et viennent en France de voyager sans quarantaine. Car l'été se joue maintenant", ajoute-t-il.
Il y a visiblement urgence. Selon Thomas Juin, des compagnies aériennes qui avaient programmé des vols vers la France cet été ont changé leur fusil d'épaule pour les positionner vers les pays prêts à ouvrir leurs frontières rapidement.
La Grèce en fait partie à coup sûr. La semaine dernière, le gouvernement grec a indiqué envisager une réouverture progressive des frontières dès le mois d'avril aux ressortissants de l'Union européenne et de pays comme Israël, bien avancés dans leur programme de vaccination.
Initialement réfractaire comme l'Allemagne, la France s'est ralliée au groupe de pays favorables au pass sanitaire.
Diminution temporaire des taxes pour attirer les compagnies
Par ailleurs, les aéroports tricolores continuent de demander à l'Etat une baisse temporaire de la fiscalité pour améliorer leur compétitivité et les accompagner dans la reconstruction de leur connectivité aérienne, complètement détruite par la crise. La compétition entre les Etats a déjà commencé. Le Royaume-Uni envisage de réduire les taxes.
Pour la reprise, les compagnies aériennes, notamment low-cost, vont en effet se focaliser sur les lignes sur lesquelles elles pourront se "refaire" rapidement, fait valoir Thomas Juin. Et si les aéroports français peuvent compter sur le potentiel touristique de la France pour attirer des compagnies étrangères, ils pâtissent en revanche d'un déficit de compétitivité par rapport à leurs voisins espagnols ou italiens qui peuvent ainsi ajouter des prix attractifs à leurs atouts touristiques également nombreux.
"Les taxes sont un levier de compétitivité", rappelle Thomas Juin.
Notamment pour attirer les compagnies low-cost, qui recherchent les coûts aéroportuaires les plus bas pour accompagner leur modèle de bas tarif.
"Entre 2009 et 2019, 86% de la croissance des aéroports régionaux français provenaient des compagnies low-cost. Ce sont ces compagnies qui participeront de façon conséquente à la reconstruction de la connectivité aérienne", assure le président de l'UAF.
Pour autant, la négociation des redevances aéroportuaires n'est pas l'apanage des compagnies à bas coût. Toutes les compagnies négocient les redevances à la baisse.
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