Les gares parisiennes en marche vers la multimodalité

Les gares de Lyon et de l’Est mettent des espaces de stationnement dédiés à disposition de tous les opérateurs de véhicules partagés en "free floating" présents dans la capitale, des trottinettes aux scooters électriques en passant par les vélos.
Dominique Pialot
(Crédits : DR)

Pas moins de la moitié des 10 millions de voyageurs quotidiens qui fréquentent les 3.000 gares opérées par SNCF Gares & Connexions résident à moins de 5 kilomètres et pourraient donc les atteindre facilement à bicyclette en 15 à 20 minutes.

C'est à partir de ce constat, et parce que promouvoir l'intermodalité fait partie de ses missions de service public, que la filiale de la SNCF a initié la démarche baptisée EMA (espace multimodal augmenté). Celle-ci repose sur le diagnostic des bassins de gare (adéquation des besoins et des solutions à l'échelle locale), le renforcement des services existants (notamment stationnement, entretien, bornes de recharge électriques, emplacements réservés au covoiturage), et la mise en place de parcours intermodaux simplifiés. Aujourd'hui testée dans les gares de Biganos (Gironde), Anse (Rhône) et Colomiers (Haute-Garonne), EMA doit être étendue à quelque 150 gares dans les prochains mois.

Les gares au diapason du "free floating"

A Paris, la situation est encore différente. Les gares sont certes accessibles en transports en commun, mais SNCF Gares & Connexions a décidé de se mettre au diapason du "free floating", ce service de véhicules partagés sans bornes d'attache que le client peut prendre et repositionner sur n'importe quel emplacement public prévu à cet effet. Bicyclettes (pour lesquelles Paris est le premier marché du vélo partagé hors de Chine), trottinettes et autres scooters électriques envahissent ces derniers mois les rues de la capitale. Désormais, les engins de tous les opérateurs présents à Paris pourront stationner dans des espaces réservés sur les parvis des gares de Lyon et gares de l'Est, qui serviront de test avant un déploiement à plus grande échelle.

Voyageurs en partance ou à l'arrivée et même parisiens du quartier peuvent trouver sur place les vélos des chinois OFO ou Mobike, les trottinettes californiennes électriques de Lime ou Bird ou encore les scooters électriques Coup de la filiale de Bosch ou ceux du français CityScoot.

Donner un nouveau souffle au vélo après le fiasco de Vélib'

Le partenariat passé entre les six opérateurs et Gares & Connexions, qui n'implique aucune transaction financière, est « une reconnaissance institutionnelle, la preuve que des acteurs privés peuvent apporter un service public », apprécie Etienne Hermite, directeur général de Mobike France. Une reconnaissance d'autant plus appréciable qu'à l'exception de CityScoot, les opérateurs sont d'origine étrangère, et font concurrence à des systèmes déjà installés par les villes. De ce point de vue, le fiasco du nouveau Vélib' a-t-il constitué une fenêtre de tir particulièrement favorable ? Etienne Hermite dément.

Au contraire, affirme le directeur général France de Mobike, « les gens ont tendance à se détourner du vélo à cause de Vélib', à nous de redonner un nouveau souffle à cette pratique. »

Tous ces opérateurs de free floating ont signé une charte avec la Ville de Paris par laquelle ils s'engagent à faire respecter à leurs clients certaines règles de conduite, notamment concernant le stationnement des véhicules. De leur côté, ils tentent d'obtenir plus d'emplacements de stationnement, plutôt de nombreux petits espaces que moins de grands espaces, histoire de mieux coller avec le concept du « porte à porte. »

Lime veut aider à la ré-insertion

Un concept caressé de longue date par la SNCF.

Gares & Connexions a, comme le rappelle son directeur général Patrick Ropert, « l'obligation d'accueillir tous les transporteurs, y compris ferroviaires ».

C'est pourquoi aucun tri n'a été opéré entre les opérateurs de free-floating. Si tous mettent en avant la disponibilité et la qualité de leur flotte ou encore leur qualité de service, certains tentent de se distinguer également sur d'autres critères. Le français CityScoot met ainsi en avant ses 200 - et bientôt 300 - salariés et la fabrication européenne de son scooter. La trottinette vert pomme de Lime développe quant à elle un partenariat avec l'association ARIES, déjà présente dans les gares via ses chantiers multi-services de retour à l'emploi. Les personnes en ré-insertion, aujourd'hui essentiellement préposées aux bagages, pourront dorénavant se diversifier dans le repositionnement des trottinettes, leur stockage et leur rechargement pendant la nuit, et, à terme, se former à l'entretien et à la réparation, y compris pour travailler ensuite dans de magasins spécialisés.

Cette initiative dans les deux gares parisiennes est une phase de test de trois mois, à l'issue de laquelle les data récoltées et analysées par les opérateurs doivent permettre de tirer des enseignements sur son impact sur le profil et le comportement des utilisateurs. L'expérience, qui s'inscrit dans le plan vélo de la Ville de Paris et la future loi d'orientation des mobilités, a notamment pour objectif de contribuer à éduquer les usagers, en particulier en matière de stationnement.

Dominique Pialot

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