Logistique urbaine : le patron des grossistes chargé d'une mission pour décarboner les transports

Au lendemain d'un Comité interministériel de la logistique (CILOG), les ministres de la Transition énergétique, de l'Industrie et des Transports viennent de charger Philippe Barbier, le président de la Confédération des grossistes de France de « préfigurer un comité technique de liaison de la logistique urbaine des professionnels ». « Horaires de livraison, places de stationnement... Il n'y a pas une logistique urbaine mais des logistiques urbaines », explique-t-il. Et de dévoiler un avant-goût de sa feuille de route.
César Armand
Philippe Barbier, président de la Confédération des grossistes de France (CGF)
Philippe Barbier, président de la Confédération des grossistes de France (CGF) (Crédits : @Robenpics.)

C'est un pan de l'économie française qui pèse 235 millions d'euros, compte plus de 1,4 million de salariés et qui représente près de 10% du PIB : la logistique. Dans l'après-midi du 12 décembre, s'est tenu un troisième Comité interministériel (CILOG) sous la houlette des ministres de la Transition énergétique, de l'Industrie et des Transports. Agnès Pannier-Runacher, Roland Lescure et Clément Beaune viennent de confier, à Philippe Barbier, le président de la Confédération des grossistes de France, la mission de « préfigurer un comité technique de liaison de la logistique urbaine des professionnels ».

Créer un espace de dialogue avec les maires

Philippe Barbier porte en effet le sujet dans le débat public depuis 2018. Cette année-là, il répondait à un appel à projets de l'Agence de la transition écologique (Ademe) mixant logistique urbaine et certificats d'économie d'énergie - les CEE imposent aux énergéticiens de financer des économies d'énergie sous peine d'amendes.

Sa proposition est simple : réunir tous les organismes du privé dont les flux impactent les villes - des transporteurs aux coiffeurs jusqu'aux artisans du BTP. A l'époque, l'établissement public Cerema (Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement) recommande, lui aussi, de créer un espace de dialogue avec les maires et présidents d'intercommunalité.

 «  Il n'y a pas une logistique urbaine mais des logistiques urbaines »

En 2020, le programme InTerLud, pour « innovation territoriale pour une logistique urbaine durable », doté de 8 millions d'euros, est né. Le principe reste le même : accompagner cinquante métropoles et intercommunalités de moins de 250.000 habitants dans la co-construction de leur stratégie.

« Il s'agit d'amener les fédérations professionnelles à la table des élus et d'avancer étape par étape : horaires de livraison, places de stationnement... Il n'y a pas une logistique urbaine mais des logistiques urbaines. Chaque intercommunalité est différente de par sa densité, sa géographie et son histoire », explique, en exclusivité à La Tribune, le patron des grossistes.

Réunir les acteurs économiques

Ces « comités de partenaires » locaux ont fait leur preuve sur le terrain, assure-t-il, mais demeurent des formats informels. D'où la nécessité de structurer, sur le modèle de celui mis en place par les collectivités territoriales au sein du Groupement des autorités organisatrices de transport (GART), un « Comité technique de liaison » réunissant les acteurs économiques.

« Pour être efficace le plus rapidement possible, il s'agit d'amplifier un groupe de travail qui existait déjà : le comité des partenaires du programme Interlud, en lui donnant des responsabilités qui dépassent le seul cadre de ce programme et en valorisant les connexions - tant nationales que locales - avec des acteurs privés très variés - transport/logistique mais aussi chantiers, petits commerces...- créés pendant les 3 ans d'Interlud », résume Constance Maréchal-Dereu, directrice générale de France Logistique, l'association des parties prenantes.

Décarboner « à mort » le transport routier

A l'heure des zones à faibles émissions-mobilité (ZFE-m) qui restreignent la circulation des véhicules polluants dans les centres-villes et de l'essor de la cyclo-logistique, Philippe Barbier va donc prendre « [sa] canne et [son] chapeau » pour « pérenniser le dispositif » et « n'oublier personne », ni les commerçants, ni Haropa, l'établissement public gestionnaire des ports de Havre, Rouen et Paris.

« On va essayer de décarboner à mort (sic) le transport routier qui représente encore 97% des flux ! » poursuit le président de la Confédération des grossistes de Franc qui prend en modèle les camions électriques Volta et qui fixe déjà comme objectif 5% d'acheminements en vélo-cargo à horizon 2027.

Il a jusqu'au 1er mars 2023 pour remettre ses propositions. Un quadruple objectif lui est déjà assigné : faciliter le dialogue avec les élus et l'Etat, proposer des outils d'amélioration, préfigurer un futur centre de ressources et remettre des avis sur les politiques publiques.

César Armand

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