Privatisation des aéroports de Nice et Lyon : jackpot en vue pour l’Etat

La vente des 60% de parts que détient l'Etat dans chacun des deux aéroports a attiré, selon nos informations, une dizaine de candidats sérieux. Cette intensité concurrentielle, alors que les affaires dans les infrastructures sont rares, risque de faire s'envoler les prix comme cela s'est produit récemment lors de la vente de London City Airport. Tous les candidats sont originaires de pays de l'OCDE. Il n'y a aucun investisseur chinois, russe, ou des pays du Golfe. Mais les consortiums en lice peuvent être amenés à évoluer.
Fabrice Gliszczynski

La cession des 60% des parts qu'il détient dans le capital des aéroports de Nice Côte d'Azur et Lyon Saint-Exupéry devrait être pour l'Etat un véritable jackpot, probablement plus important que les 2 milliards d'euros évoqués jusqu'ici par certains experts, qui constituait déjà un montant très élevé.

Fenêtre favorable

En effet, la qualité des actifs, la très forte liquidité sur le marché des capitaux avec des fonds d'investissements spécialisés dans les infrastructures qui cherchent à investir à tout prix au moment où le nombre d'affaires dans les infrastructures de transport est très rare, entraînent, sur ces deux dossiers, une intensité concurrentielle féroce avec une flopée de candidats extrêmement solides qui vont devoir frapper fort pour toucher au but.
Selon nos informations, près d'une dizaine de candidats a été sélectionnée par l'Etat sur chacun des deux aéroports (il y a un plus de prétendants à Nice qu'à Lyon).

Bataille de géants

Déposé avant le 24 mars dernier, leur dossier a été examiné par la Direction générale de l'aviation civile (DGAC). Comme le veut le cahier des charges, la liste des candidats sera prochainement communiquée aux collectivités territoriales. Tous sont des poids lourds du secteur de l'aéroportuaire. Plusieurs fois évoqués jusqu'ici, les noms de certains candidats sont déjà connus.

A Nice, figurent ainsi Atlantia (opérateur de l'aéroport de Rome, allié à EDF Invest), l'australien Macquarie, Ferrovial (allié à la société d'investissement Meridiam), Changi Airport (le gestionnaire de l'aéroport de Singapour) en coopération avec le français Ardian, mais aussi le consortium composé de Vinci, la Caisse des dépôts et Predica, filiale d'assurance du Crédit agricole, ainsi qu'un autre consortium autour de AviAlliance (actionnaire notamment des aéroports de Hambourg et de Budapest), ou encore Aéroports de Paris (ADP), qui, après avoir hésité, s'est lancé dans la course (seul pour l'instant). Le mois dernier, des informations de presse avait cité les fonds Global Infrastructure Partners et Industry Funds Management. A part ADP et Atlantia, ceux qui postulent à Nice, postulent aussi à Lyon, avec également l'aéroport de Genève allié au fonds Cube.

Pas de candidats chinois, russes ou issus du Golfe... pour l'instant

Tous les candidats sont donc originaires de pays de la zone OCDE. Selon nos informations, il n'y a pas en effet d'investisseurs chinois, russes, ou originaires des pays du Golfe. Pour autant, cela ne signifie pas qu'ils n'entreront pas dans la danse ultérieurement. Le cahier des charges autorise en effet la modification des consortiums en permettant notamment à des investisseurs non sélectionnés initialement de rejoindre un candidat qui a passé la pré-qualification.

Les candidats retenus auront jusqu'à fin avril pour l'aéroport niçois, début mai pour celui de Lyon, pour déposer une offre indicative. Celles-ci devraient être très élevées. Car l'Agence des participations de l'Etat (APE) s'est donné le droit de ne pas retenir une offre trop décrochée par rapport aux autres. Les offres fermes sont attendues pour fin juin-début juillet.

Le cas de London City Airport

Tous les ingrédients semblent donc réunis pour une envolée des prix. A Londres, London City Airport s'est vendu à un prix représentant 28 fois l'Ebidta quand les multiples dans le secteur tournaient ces dernières années autour de 13 ou 14 fois l'Ebidta. Fin 2014, les investisseurs chinois avaient déjà tapé fort en remportant la mise avec une offre représentant 18 fois l'Ebdita, devant Aéroports de Paris et Vinci à 16 fois. En appliquant ces multiples à Nice et Lyon, le premier rapporterait plus de 1 milliard d'euros, le second près de 900 millions d'euros.

Plusieurs observateurs estiment que, sans aller jusqu'à atteindre peut-être les multiples d'Ebitda observés à London City Airport (le dossier était différent puisqu'il s'agissait d'une vente en pleine propriété avec une liberté en matière de tarifs), les aéroports de Nice et Lyon pourraient dépasser les multiples de Toulouse - surtout Nice. Pour autant, il y a des limites. A partir d'un certain prix, le retour sur investissement sera insuffisant.

Pour rappel néanmoins, sur la base des multiples observés à Londres, la valeur de Nice (capitalisation + dette) s'élèverait à 2,8 milliards d'euros. Ce qui représente 1,7 milliard pour les 60% de l'Etat. De son côté, la valeur de Lyon dépasserait les 2,2 milliards, soit 1,34 milliard pour la part cédée par l'Etat. Au total, l'Etat récupérerait, selon ce scénario, près de 3 milliards d'euros.

Fabrice Gliszczynski

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Commentaires 4
à écrit le 04/04/2016 à 20:24
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si c'est le même scénario que pour les autoroutes ce sera plutôt un fiasco pour l'état (les contribuables) et un jackpot pour les acheteurs

le 06/04/2016 à 5:03
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La différence étant qu'on se passe plus facilement des aéroports que des autoroutes. Par ailleurs, il vaut mieux vendre les aéroports tant que le transport aérien continue de croître, cela attirera d'avantage de pigeons.

à écrit le 04/04/2016 à 17:09
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Et après, on fait quoi ?

le 04/04/2016 à 19:13
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On boycott...Comme on boycott les autoroutes, vendus à Vinci et compagnie, et la SNCF qui se privatise et change ses prix au bon plaisir des investisseurs...Il nous reste tout de même nos pieds et nos poumons, en espérant que l'air ne se privatise pa...

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