Difficile de croire que le transport aérien est en crise lorsque l'on regarde les ambitions affichées par Ryanair. Jason McGuinness, directeur commercial de la compagnie à bas coût irlandaise, était à Paris ce 16 septembre pour annoncer l'ouverture de dix nouvelles routes cet hiver au départ de de Beauvais. Ryanair desservira ainsi 53 destinations depuis l'aéroport isarien à partir de novembre, soit son plus gros programme à date pour une saison hiver. Environ 210 vols seront ainsi opérés chaque semaine.
Ryanair poursuit donc son développement à Beauvais. La compagnie s'était déjà résolue en décembre 2020 à faire de l'aéroport sa quatrième base française - après près de 25 de présence tout de même - avec deux avions. Depuis, la compagnie a renforcé à plusieurs reprises son programme. Partie de 32 routes en décembre 2020, elle est passée à 45 lors de la saison été 2021 et désormais 53.
Parmi les dix nouvelles routes lancées cet hiver, Agadir, Amman, Helsinki, Liverpool, Riga et Santander disposeront de deux fréquences hebdomadaires, tandis que Malaga, Gdansk, Tallin et Turin seront desservies trois fois par semaine. Sur le choix de ces destinations, Jason McGuinness s'est montré laconique, précisant seulement que Ryanair visait des opportunités plutôt que de développer ses parts de marché sur un pays en particulier.
Sur le marché français, Ryanair va déployer ses appareils sur 197 routes cet hiver depuis 26 aéroports. Si la plupart seront internationales, le programme comprend tout de même sept lignes domestiques. Cela devrait représenter au total près de 650 vols par semaine. La compagnie a d'ailleurs réouvert sa base de Toulouse cet été, avec un appareil qui restera cet hiver. Elle a aussi placé un nouvel avion à Marseille au début de l'été.
Un trafic regonflé cet été
Au niveau européen, Ryanair se renforce également. Encouragée par une reprise du trafic cet été, la compagnie va proposer plus de 2 000 lignes cet hiver. Après avoir transporté 9 millions de passagers en juillet, puis 11 millions en août, Jason McGuinness table sur une moyenne de 10 millions de passagers par mois jusqu'en mars 2022. Le directeur commercial espère ainsi dépasser les 90 millions de passagers sur l'année, soit la fourchette haute de ses prévisions.
Le taux de remplissage a également remonté de l'ordre de 20 points, pour se situer à 80 %. Il reste encore très inférieur au 96 % qu'avait pour habitude d'afficher Ryanair avant la crise, mais la performance a de quoi faire rêver un grand nombre de concurrents .
Il y a quelques semaines à peine, Michael O'Leary s'était pourtant montré pessimiste : « la reprise a été très forte pendant le pic de la saison estivale mais cet hiver sera difficile. Nous essayons de restaurer notre trafic pré-Covid mais cela ne peut être fait qu'à des prix plus faibles (...). Je ne pense pas que nous gagnerons de l'argent cet hiver mais nous n'en perdrons pas beaucoup", avait alors expliqué le directeur général de Ryanair à l'AFP.
Les compagnies traditionnelles à la traîne
Le son de cloche a donc rapidement changé. « Ryanair s'est remis très vite de la pandémie. Ce furent dix-huit mois très traumatisants pour tout le monde, mais le trafic aérien a redémarré très rapidement tout comme Ryanair », s'est ainsi félicité Jason McGuinness qui espère rapidement retrouver un trafic normal. Il s'avance même sur un objectif de 165 millions de passagers pour l'année fiscale 2022-2023, qui s'achèvera en mars 2023. En à peine trois ans, Ryanair dépasserait ainsi son trafic avant crise (149 millions de passagers pour l'exercice 2019-2020).
Jason McGuinness est là aussi assez flou sur les marchés visés ou les segments de trafic offrant des possibilités de développement. Le directeur commercial annonce simplement viser les opportunités et ajoute qu'elles seront nombreuses avec la crise. Il estime que les compagnies nationales, « qui ont reçu plus de trente milliards d'aides », ne retrouveront jamais leur niveau d'avant la pandémie. De même, il juge que des concentrations vont s'opérer très probablement entre compagnies européennes, libérant ainsi de la place sur certains marchés. « Nous visons 20 à 25 % de part de marché d'ici 2024 ou 2025 », annonce-t-il enfin. Contre 15% environ avant crise comme l'indiquait l'an dernier à La Tribune le directeur général de Ryanair, Edward Wilson.
La compagnie irlandaise a aussi revu ses objectifs à moyen terme. Alors qu'elle tablait jusqu'ici sur 200 millions de passagers annuels d'ici mars 2026, la compagnie vise désormais 225 millions de passagers à date. Un chiffre inédit jusque-là, remarquable au vu de la crise que traverse actuellement le transport aérien. Il est néanmoins à nuancer quelque peu : avant la pandémie, Ryanair espérait atteindre les 200 millions de passagers dès mars 2024.
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