Clairefontaine multiplie les investissements

Pour l'entreprise vosgienne, qui produit les célèbres cahiers, l'heure est à la diversification et à une « nécessaire flexibilité » pour rester compétitifs.

LORRAINE/PAPETERIE

Clairefontaine est au cahier ce que Lacoste est à la chemise », résume Jean-Olivier Roussat, directeur général du site historique du groupe Exacompta-Clairefontaine, qui emploie quelque 680 salariés à Étival. Lancé dans les années 1950, le célèbre cahier se fabrique toujours exclusivement dans les Vosges à plusieurs dizaines de millions d'exemplaires. Pour une commercialisation résolument saisonnière : 60 % des ventes se font pendant la rentrée scolaire. Après un creux au début des années 2000, le cahier a repris du poil de la bête et s'affiche en légère progression, grâce « à une hausse sensible de l'utilisation du cahier de bureau ». Une prouesse dans un marché banalisé, submergé par les produits importés et à bas prix qui connaît plutôt une tendance baissière. Mais Clairefontaine garde une image forte dans le public, grâce à la qualité du papier utilisé lié au choix rigoureux des matières premières. Un cahier est fabriqué avec 75 % de fibres courtes (bouleau, eucalyptus, hêtre, érable?) et 25 % de fibres longues (principalement du pin des Landes).

Numéro un français sur le marché du cahier haut-moyen de gamme, Clairefontaine est aussi la carte de visite du groupe à l'étranger. « Plus d'un tiers de la production est exporté dans 57 pays », confie Jean-Olivier Roussat. Pour séduire  d'autres clients, le cahier classique, à grands carreaux et couverture sans fioriture, a su évoluer. À l'export, il se vend plutôt ligné ou avec des petits carreaux et sa couverture s'habille aux couleurs des nouvelles tendances avec des textures novatrices : velours, plastique, textile floqué? Pourtant, sur le site historique de production, la fabrication des cahiers est devenue presque marginale, largement supplantée par les ramettes, qui représentent désormais 70 % des quelque 160.000 tonnes de papier produites chaque année.

50 millions investis

À Étival, l'heure est à la diversification et le site produit aussi des enveloppes et des bobines de papier pour l'imprimerie. Conséquence de « cette nécessaire flexibilité », Étival multiplie les investissements pour gagner en compétitivité et en réactivité. Cinq millions d'euros sont actuellement consacrés à l'installation de nouveaux équipements industriels (tête d'alimentation en pâte à papier, sécheurs, machines à ramettes?). Par ailleurs, 13 millions d'euros sont investis dans la construction d'un bâtiment logistique mécanisé de 6.000 mètres carrés, opérationnel début 2010, pour répondre aux nouvelles contraintes imposées par les clients, pour lesquels Clairefontaine gère les stocks en flux tendu.

Enfin, la papeterie vient de déposer un dossier pour bâtir une unité de production de vapeur et d'électricité appelée à consommer 80.000 tonnes de déchets de bois par an. Un investissement de 30 millions d'euros qui permettrait de réduire la facture énergétique en revendant de l'électricité à EDF. « Si tout se passe comme nous l'espérons, cette centrale biomasse, que nous allons autofinancer à hauteur de 20 %, sera opérationnelle en 2012 », poursuit Jean-Olivier Roussat. Pas si mal pour une entreprise frappée, comme ses concurrents, par la crise et qui enregistre « une baisse d'activité de 5 à 10 % » selon les produits. n

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