Quarante pour cent des pharmaciens licencient et 36 % sont en rouge à la banque », observe Daniel Buchinger, président d'Univers Pharmacie, un groupement d'officines imaginé à Colmar (Haut-Rhin) en 2004. « Face à l'offensive des grandes surfaces en parapharmacie, notre profession doit se regrouper. En nous inspirant de certaines techniques de la grande distribution, comme le rendement au mètre linéaire ou la récupération de marge, en imaginant de nouveaux services et en massifiant les achats, nos pharmacies trouvent 30 % de nouveaux revenus. » Pharmacien diplômé, Daniel Buchinger refuse pourtant d'être assimilé à un commerçant, aussi grand fût-il. Avec les syndicats professionnels, il a attaqué les centres Leclerc en justice, il y a un an, après une campagne de publicité qui promettait des médicaments 25 % moins chers. La Cour de cassation examinera l'affaire en dernier recours le 15 septembre.

Les deux pharmacies familiales de Daniel Buchinger ont servi à la mise au point du nouveau concept qu'il promeut, sur 300 m2 de surface de vente. En façade, les couleurs sont vives. À l'intérieur, les linéaires imposent au client un cheminement dans l'officine « sans zone froide, comme chez Ikea ». L'entrée de la pharmacie est marquée par un portillon, comme au supermarché. Les produits vedettes prennent place en tête de gondole. Des bandeaux publicitaires promettent « le remboursement de la différence » aux clients qui trouveraient moins cher, ailleurs, les produits de beauté ou accessoires de santé en rayon chez Univers Pharmacie.

Le réseau fonctionne selon un modèle de franchise?: pour une officine existante, le droit d'entrée est fixé à 8.500 euros. Univers Pharmacie se rémunère ensuite sur le chiffre d'affaires du point de vente, à condition qu'il augmente plus vite que la moyenne nationale. La centrale d'achats, ouverte aux pharmaciens non adhérents et qui compte 620 clients, permet de négocier de gros volumes auprès des laboratoires.

Cap sur l'export en 2010

Entièrement détenue par Daniel Buchinger, la maison mère colmarienne d'Univers Pharmacie vise 3,2 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2009, puis 5 millions d'euros en 2010. Les bénéfices seront réinvestis en développement commercial, pour atteindre un potentiel de « 1.500 pharmacies à l'enseigne ». Pour l'heure, la couverture géographique nationale reste imparfaite, avec 20 pharmacies à Paris? mais aucune à Marseille. Quant au développement à l'export, il est prévu dès 2010. « Contrairement à la France, où la loi n'autorise pas un pharmacien à détenir plusieurs officines, nous pourrions en ouvrir 200 en direct en Belgique », observe Daniel Buchinger. Pour soutenir ce développement, Univers Pharmacie ouvrira son capital à ses affiliés au printemps prochain.

Deux dérivés du concept original sont déjà à l'étude. Le premier, Global Pharmacie, s'adresse à des officines existantes entre 15 et 50 m2. Ces petites surfaces représenteraient « les 60 % les plus menacés de la profession ». Une autre voie sera explorée dans des mégapoints de vente de plus de 1.000 m2, avec rayon optique, parfumerie et librairie.