L’herbe à éléphant, cette solution miracle testée par Alkern en Normandie pour faire du béton biosourcé

Le groupe Alkern, spécialiste du béton préfabriqué, construit en Normandie une usine qui fabriquera des blocs constructifs à partir du miscanthus, une plante d’origine asiatique également connue sous le nom d’herbe à éléphant. Objectif : emprisonner du carbone dans les murs.
A l'état de prototype, ce bloc 100% biosourcé sera industrialisé dans l'Eure.
A l'état de prototype, ce bloc 100% biosourcé sera industrialisé dans l'Eure. (Crédits : Alkern)

La règlementation environnementale - dite RE2020 - qui s'applique à tous les bâtiments neufs depuis le début de cette année pousse les architectes, les promoteurs et, par extension, leurs fournisseurs à se montrer inventifs. Pour la première fois, elle introduit une obligation de calcul du cycle de vie des matériaux mesuré en kg de CO2 par mètre carré de surface.

La notion, un peu aride pour le novice, place les acteurs de la construction au pied du mur. Cette nouvelle norme les contraint, en effet, à réduire progressivement l'utilisation du béton et de l'acier très carbonés au profit de matériaux d'origine naturelle capables au contraire de stocker du CO2.

L'Etat a certes fixé des paliers pour laisser le temps aux entreprises de s'adapter. Mais l'injonction constitue un défi de taille lorsque l'on est, comme Alkern, le principal fournisseur français de béton préfabriqué (1000 salariés sur 53 sites - 240 M€ de chiffre d'affaires).

Anticipant la RE2020, le groupe teste, depuis plusieurs années en laboratoire, des fibres végétales susceptibles de remplacer les granulats qui entrent dans la composition du béton. Son choix s'est notamment porté sur le miscanthus, une grande herbacée d'origine asiatique grâce à laquelle il a mis au point un bloc constructif 100% biosourcé « trois fois plus isolant » que son équivalent minéral.

Une plante tous terrains

L'herbe à éléphant, de son nom courant, n'a pas été sélectionnée par hasard, explique Christophe Lagrange, directeur de l'offre au sein du groupe.

« Cette plante présente la particularité d'être très productive et de n'avoir pas besoin d'intrant, ni d'irrigation. Elle peut donc être implantée utilement sur des zones de captage d'eau ».

C'est précisément à 30 kilomètres de l'une de ces zones que le fabricant a choisi d'industrialiser en série son nouveau produit à base de miscanthus. Lauréat du Programme des Investissements d'Avenir, il va investir plus de 8 millions d'euros pour reconfigurer une usine située sur la commune des Trois Lacs dans l'Eure.

Pas de conflit d'usage dans les cultures

Reste à sécuriser son approvisionnement en matière première. « Le besoin se montera à environ 300 hectares à horizon 2025 », chiffre Christophe Lagrange. Une étude est lancée avec l'Agence de l'eau de Normandie en vue d'organiser une filière pérenne. Les premiers retours du terrain sont plutôt positifs.

Pour Sarah Pascal, qui supervise cette zone de captage de 27.000 hectares pour la Chambre d'agriculture, le projet pourrait offrir un débouché intéressant aux agriculteurs du bassin. « Il existe des parcelles un peu biscornues ou au milieu de villages sur lesquelles le miscanthus peut facilement trouver sa place sans concurrencer les cultures alimentaires », souligne t-elle. Ou comment passer du champ au bâtiment.

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Commentaires 2
à écrit le 05/12/2022 à 9:05
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Entièrement d'accord avec vous... les employés du secteur textile passent leur temps non pas à travailler mais à se plaindre. Qu'ils aillent en Chine où leur salaire sera de 400€ ou en Corée du Nord où ils travailleront gratis. Comme vous, j'en ai as...

à écrit le 02/12/2022 à 10:17
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J'adhère one hundred per cent avec vos remarques. En effet si les gens travaillaient plus dur, avec une durée d'au moins 42 heures par semaine et jusqu'à 65 ans au grand minimum, il n'y aurait pas de pensions inférieures à 1200€ ce qui serait Byzance

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