D'après une étude de la Commission de régulation de l'énergie (CRE), publiée mardi 4 avril, la France de 2050 consommera moins de gaz naturel qu'aujourd'hui. Néanmoins, ses infrastructures coûteuses ne diminueront pas.
« Même dans un scénario très volontariste, avec peu de gaz, on a globalement toujours besoin de réseaux de gaz », a observé la présidente de la CRE, Emmanuelle Wargon, en présentant ce rapport sur l'avenir des infrastructures gazières. « Cela veut dire que le coût des réseaux devra être mutualisé différemment », a-t-elle ajouté. « L'idée est de prendre un virage dans la construction des tarifs et dans la régulation qui tienne compte du fait qu'on va avoir, en gros, les mêmes besoins d'infrastructures avec (...) un volume de térawattheures consommé qui va baisser », a finalement résumé l'ancienne ministre.
Une baisse de la consommation d'ici à 2050
Si la CRE aborde ce sujet, c'est parce qu'elle doit renouveler, d'ici fin 2023 les tarifs applicables aux factures de gaz pour la partie distribution, transport et stockage pour les quatre prochaines années. L'étude qui s'inscrit dans les travaux préparatoires à la loi de Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) s'appuie sur des scénarios existants de baisse de la consommation de gaz, allant du simple au double. Et le constat est clair. Dans son rapport, le régulateur de l'énergie examine trois hypothèses prévoyant, toutes, que les prochaines générations de Français consommeront, en 2050, beaucoup moins de gaz qu'aujourd'hui.
La France importe aujourd'hui la quasi-totalité de ses besoins : 450 TWh en 2022, couvert à 98% par du gaz fossile et servant majoritairement à chauffer les bâtiments. Les gestionnaires de réseaux anticipent 393 TWh en 2030 et 320 TWh en 2050 (-29% comparé à 2022). Le scénario le plus frugal de l'Ademe, l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie, table sur 283 TWh en 2030 et 165 TWh en 2050, soit une consommation réduite des deux-tiers par rapport à aujourd'hui. Elle part aussi du principe que la France n'utilisera en 2050 que du gaz renouvelable (non fossile) produit localement, grâce à la méthanisation ou à d'autres procédés encore peu répandus.
La baisse de la consommation se fait d'ailleurs déjà ressentir. Depuis trois ans, GRDF, le gestionnaire de réseau de distribution de gaz voit sa base clients (chauffage et cuisson) s'atrophier. Le solde négatif n'a cessé de se creuser, avec une perte sèche de 3.000 clients en 2020, de 12.700 en 2021 et de 93.000 en 2022, dont 40.000 pour le chauffage, a révélé le gestionnaire lors d'une conférence de presse fin mars. Ces chiffres restent à relativiser au regard des quelque 11 millions de clients que compte GRDF. Il n'en reste pas moins que le déclin s'accélère. Les chiffres de ventes des chaudières confirment ce déclin. Selon les données publiées en février dernier par le syndicat professionnel Uniclima, les ventes de chaudières au gaz et au fioul ont chuté de près de 30% en 2022. L'année dernière, un peu plus de 500.000 unités se sont écoulées, contre 715.000 en 2021.
Une infrastructure qui restera aussi importante qu'aujourd'hui en 2050
Néanmoins, le réseau de gaz, composé de 37.000 kilomètres de canalisations de transport et de plus de 200.000 kilomètres de conduites pour la distribution chez le client, restera indispensable, y compris pour la desserte des voisins européens et ce même avec une baisse de consommation.
« Les actifs libérables se concentrent sur le réseau de transport principal » et « représentent entre 3 et 5% des kilomètres de canalisations de transport ainsi qu'au moins 7 stations de compression », conclut l'étude en synthèse. Le réseau de distribution, quant à lui, restera « nécessaire et essentiellement dimensionné pour la production de gaz vert » tandis que « certains actifs pourraient être abandonnés dans une proportion qui devrait rester très limitée », ajoute-t-elle.
(Avec AFP)
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