Riches et pauvres

Chaque jour, la Tribune propose une chronique que lui inspire l'actualité.
Copyright Reuters

L'antique opposition sociale entre riches et pauvres ressurgit avec la crise où s'enfonce chaque jour l'Union européenne. En France, 8,6 millions de personnes vivent avec moins de 964 euros par mois, 3,5 millions sont mal logés et 800.000 personnes dépendent de l'aide alimentaire pour vivre.

Devant cette situation, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a promis d'ajouter 2 à 2,5 milliards d'euros d'ici à 2017 à l'enveloppe globale qui finance le RSA (revenu de solidarité active) et d'autres mécanismes d'aides comme le revenu minimum d'insertion, l'allocation de soutien familial ou encore la couverture maladie universelle.

Le jour même où le Premier ministre annonçait ces mesures d'urgence contre la grande pauvreté, Proxinvest, une agence française d'analyse de gouvernance, publiait le niveau moyen de la rémunération perçus par les patrons des sociétés du CAC 40 en 2011 : 4,24 millions d'euros. L'agence note qu'il a progressé de 4% en un an. Les 40 patrons ont donc engrangé en tout quelque 170 millions d'euros. 

La troublante proximité de ces deux informations pourraient conduire à une furieuse envie d'appliquer la théorie des vases communicants et de résoudre la pauvreté par la redistribution d'une part des revenus des riches.

C'est du reste le réflexe du gouvernement puisque l'Etat augmente les prélèvements obligatoires pour financer ces moyens supplémentaires. On pourrait donc affirmer qu'il s'agit là de « justice sociale. » Les uns voient leurs revenus augmenter, les autres voient leur nombre grandir. L'Etat rééquilibrerait la situation.

 Pourtant, c'est précisément ce lien qui ne va pas de soi. Certes, le phénomène ne concerne pas vraiment les patrons du Cac 40, mais dans la société, ce ne sont pas toujours les mêmes qui s'enrichissent. Les possibilités d'augmenter considérablement ses revenus existent - plus ou moins - pour tous. A condition toutefois que l'organisation sociale puisse favoriser la possibilité d'exercer ses talents et donc de favoriser le mouvement des fortunes.

En effet, la véritable réponse à la pauvreté réside encore et toujours dans la croissance économique susceptible de pouvoir créer de l'emploi, autrement dit dans la création de richesses par les entreprises. En ce sens, ce n'est pas tant la comparaison entre riches et pauvres qui a du sens mais entre ce qu'un individu est aujourd'hui et ce qu'il pourra être demain.

Un exemple optimiste est offert par ces jeunes Grecs de plus en plus nombreux qui lancent leurs start up, au motif qu'ils considèrent que le modèle tant vanté durant leur scolarité du secteur public « n'est plus le Graal ». Une prise de conscience qu'a accéléré la grave crise dans laquelle est plongé le pays.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.