Haussmann habillé en Haute Qualité environnementale

Des spécialistes sont parvenus à rénover un immeuble hausmannien selon la norme HQE et à en diviser par trois la consommation énergétique pour un coût de 1.100 euros par mètre carré.

Rénover un immeuble haussmannien pour le rendre plus performant sur le plan énergétique et plus respectueux de l'environnement ? Pour bien des maîtres d'ouvrage, l'équation apparaît insoluble. Isoler un immeuble de ce type par l'extérieur est, par exemple, tout bonnement inenvisageable, sauf à prendre le risque d'un conflit avec les architectes des bâtiments de France.

Et pourtant ! Des spécialistes ont relevé le pari au point d'avoir réussi la rénovation intégrale d'un immeuble haussmannien selon les spécifications de la norme Haute Qualité environnementale (HQE) (rénovation certifiée par Certivéa) et d'avoir déposé une marque intitulée Haussmann qualité environnement (1).

Fin 2008, Patrica Savin et Yvon Martinet, associés au sein d'un cabinet d'avocats spécialisés en droit de l'environnement, décident de faire rénover leur immeuble parisien et ses 480 m2 de surface utile en se conformant aux 14 objectifs définis par la norme HQE, qui vont de la qualité des matériaux à la gestion du chantier. « Cette norme HQE s'applique à la construction neuve, mais nous ne disposions pas alors d'un autre référentiel pour la rénovation », explique Patricia Savin.

Tri sélectif

L'immeuble, construit sur huit niveaux, consomme entre 280 et 350 kilowattheures par mètre carré et par an (kWh/m2/an) en énergie primaire (nécessaire pour produire l'énergie consommée au final). Avec l'aide d'un maître d'oeuvre (Philippe Maigne, chez Nemo), d'un architecte (Bruno Chanut, chez Sato), d'un consultant spécialisé (Patrick Vignon, chez Prévention consultants) et d'un entrepreneur en bâtiment (Camillo Goujon, chez Deger), Patrica Savin et Yvon Martinet sont parvenus à diviser la consommation de leur immeuble par trois, pour atteindre 96kWh/m2/an.

« Les immeubles haussmanniens offrent une inertie thermique importante et ne comportent pas ou peu de ponts thermiques », relève Patricia Savin. Les vitrages étaient en outre tous déjà doublés. Et la façade au sud masquée par un autre immeuble, limitant ainsi de facto la chaleur en été.

Une rénovation lourde n'en a pas moins été opérée : isolation des combles, aménagement du rez-de-chaussée pour le rendre accessible aux handicapés, abaissement de la cage d'ascenseur pour offrir aux occupants de l'immeuble un accès aisé aux poubelles et permettre ainsi un tri sélectif des déchets, y compris des journaux, des piles et des toners d'imprimantes.

Le choix des matériaux a aussi été étudié : le bois utilisé pour recouvrir certains murs est labellisé FSC, ce qui signifie qu'il n'a pas été traité chimiquement et ne provient pas de la déforestation, tandis que les moquettes et les peintures n'émettent pas de composés organiques volatils. L'immeuble est raccordé au CPCU (Compagnie Parisienne de Chauffage Urbain) qui permet de fournir de la chaleur par l'incinération d'ordures ménagères : le chauffage du bâtiment est ainsi assuré à 40% par les énergies renouvelables. Pour assurer la qualité sanitaire des espaces, des plantes ont été installées dans chaque bureau et le wifi (Internet sans fil) n'a pas droit de cité. Les déchets du chantier ont été valorisés à plus de 50% pour en limiter les nuisances.

En définitive, « contrairement aux a priori, mettre les immeubles haussmanniens en conformité avec la norme HQE est tout à fait réalisable et pour un investissement de 1.100 euros par mètre carré, bien moins lourd qu'on ne pouvait le craindre », constate Patricia Savin.

(1) Pour en savoir plus : site internet www.haussmannqe.com.

 

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