Le Maroc, futur vendeur d'électricité à l'Europe

L'Office d'électricité marocain a signé mercredi son adhésion au consortium Transgreen. Objectif?: réduire sa dépendance énergétique et mettre le cap sur l'exportation.

À quelques jours de sa création officielle, début octobre, Transgreen compte un partenaire de plus. L'Office national d'électricité marocain (ONE) vient de rejoindre le consortium chargé de promouvoir le codéveloppement de l'interconnexion électrique entre les pays du nord et du sud de la Méditerranée.

Avec ce nouvel arrivant, Transgreen compte désormais 19 partenaires. Et à entendre son président, André Merlin, ils devraient bientôt être un peu plus de 20, avec l'arrivée prochaine d'acteurs tunisien et italien. Parmi les partenaires existants figurent RTE, Red Electrica de Espana (REE) ainsi que EDF, Areva, Alstom, Siemens, Nexans, Prysmian, Taqa Arabia, Soitec ou encore Abengoa. Leur intérêt?? Les enjeux liés au plan solaire méditerranéen qui vise à développer 20 gigawatts d'énergies renouvelables à l'horizon 2020 au sud de la Méditerranée.

Aujourd'hui chargé d'étudier les projets d'interconnexion entre le nord et le sud, Transgreen fédère ainsi les partenaires désireux de participer aux futurs appels d'offre liés à la constitution du réseau électrique transméditerranéen.

Mais pas seulement. Pour l'ONE, premier partenaire maghrébin de Transgreen, les enjeux vont au-delà. Car le Maroc souhaite, à terme, pouvoir exporter ses « électrons verts » issus de ses ambitieux projets dans les énergies renouvelables. Alors que le royaume chérifien compte déjà 1.000 mégawatts (MW) de capacités installées dans l'éolien (et compte les doubler d'ici à 2020), c'est surtout dans le solaire qu'il s'est affirmé avec le lancement fin?2009 du plan solaire marocain?: 9 milliards de dollars d'investissement pour le développement de 2 gigawatts de capacités. D'ici à dix ans, le Maroc espère que les énergies renouvelables (hydraulique inclus) représenteront 42 % de son mix énergétique.

L'idée est, d'abord, de réduire sa facture, mais aussi sa dépendance, le pays important 97 % de ses besoins énergétiques.

Rentabiliser l'ensoleillement

Au-delà de sa consommation personnelle, il nourrit l'espoir de devenir un exportateur. Le plan solaire marocain a pour but de trouver des débouchés vers les pays du nord de la Méditerranée et de faire accéder le royaume aux tarifs de rachat européens. Le calcul est simple?: grâce à l'ensoleillement, les centrales solaires du pays offrent un rendement de 20 à 30 % supérieur à celles installées en Espagne. Une production bon marché revendue aux opérateurs, en moyenne 40 centimes en Europe, contre 7 à 10 centimes au Maroc.

Le pays entend donc profiter de cette chance. Celle-ci lui est offerte par la directive européenne « Énergie, Climat », qui impose aux pays de l'Union un quota de 20 % d'énergies renouvelables à l'horizon 2020, et autorise, via son article 9, l'importation d'énergie verte. Une aubaine pour le Maroc. Il négocie aujourd'hui avec la France sur ce sujet, et bénéficie d'infrastructures adéquates grâce à ses deux lignes d'interconnexion existantes avec l'Espagne, en plus d'une autre à venir, ce qui portera à 2.100 MW sa capacité d'export. Un vrai paradoxe?: alors qu'aujourd'hui ces lignes servent à importer 18 % de la consommation d'électricité annuelle du pays, elles permettront demain d'exporter la première ressource naturelle du Maroc, le soleil.

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