La filière solaire met la pression sur le gouvernement

L'ambiance reste chaude dans le solaire ! Fonroche gèle un projet d'extension de son site de production du Lot-et-Garonne, Solairedirect suspend la construction de ses deux usines d'assemblage dans l'Hexagone... Et dix-huit industriels interpellent le Président de la République pour faire entendre leurs arguments à l'heure où le gouvernement prépare une nouvelle évolution du cadre réglementaire et envisage de conditionner le tarif d'achat au coût carbone des panneaux. Une mesure qui ne fait pas l'unanimité.

"Le photovoltaïque français de 2020, avec 50 000 emplois nouveaux, se construit dès maintenant mais il peut aussi sortir de la route brutalement à cause de coups de frein intempestifs et de brusques coups de volant; le risque de destruction d'emplois est aujourd'hui bien réel", préviennent les signataires de la Lettre ouverte à Nicolas Sarkozy, publiée aujourd?hui dans la presse, parmi lesquels on trouve Photowatt, Emix, Fonroche, Solarezo ou encore Solairedirect.

Un besoin de visibilité

Les entreprises demandent surtout de la visibilité et de la lisibilité. "Le rapport Charpin a posé de bonnes questions, mais nous avons besoin d'un cap clair, argumente Thierry Carcel, directeur général de Fonroche. Si on change les règles sans arrêt, on ne peut pas investir pour développer l'outil industriel. On reproche à la filière d?avoir un impact négatif sur la balance commerciale du pays. C?est vrai aujourd?hui, mais nous avons commencé à accroître la production et nous commençons à exporter ».

Les signataires ne sont pas opposés à des évolutions, mais ils veulent participer à la réflexion. Ainsi, ils ne sont pas fermés par principe à l?instauration d?un quota annuel sur les installations - une proposition du rapport Charpin. « Nous ne sommes pas contre, mais il faut des quotas intelligents et des tarifs d?achat différenciés en fonction de la nature, de la complexité des installations et de leur intégration dans l?environnement, poursuit Thierry Carcel. Il faut encourager des projets intelligents. Par exemple, une serre photovoltaïque permet de produire de l?électricité, de fournir de la chaleur et elle est positive pour l?agriculture. »

Un coût carbone difficile à calculer

La piste évoquée récemment par Jean-Louis Borloo de conditionner le tarif d?achat au coût carbone des panneaux pour aider la production française, ou en tout cas européenne, recueille des avis différents. « L?idée est bonne mais ce n?est pas suffisant, d?autres critères environnementaux devront être pris en compte. Et il faudra prendre des précautions : des fabricants chinois peuvent très bien compenser en utilisant des énergies renouvelables pour leurs usines », estime Thierry Carcel.

"Faire un bilan carbone semble difficile, tout comme mettre en place des mesures discriminantes, a estimé de son côté, Thierry Lepercq, PDG de Solairedirect, avec beaucoup de scepticisme lors d?une conférence en début de semaine. Mieux vaut miser sur la compétitivité et devenir exportateur plutôt que de bloquer les panneaux importés".

En attendant d'y voir plus clair, plusieurs industriels ont gelé leurs projets dans l?Hexagone, à l?image de Solairedirect qui a suspendu la construction de deux usines d?assemblage et de Fonroche, qui a reporté un projet pour passer de 90 MWc à 140 MWc de capacités de production.

Du côté des pouvoirs publics, Jean-Louis Borloo estime qu?il faut mettre un terme à l?emballement du secteur. Et en début de semaine, un rapport des députés Michel Diefenbacher (UMP) et Jean Launay (Parti socialiste) a encore une fois dénoncé la « bulle photovoltaïque », proposant une nouvelle baisse des tarifs d?achat pour éviter une flambée du coût de l?électricité. L'ambiance risque de rester chaude encore quelque temps...

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