La filière solaire tente de faire pression sur les arbitrages de Matignon

Depuis vendredi, les professionnels du secteur manifestent. Le gouvernement doit faire connaître avant le 9 mars le nouveau cadre dans lequel devra oeuvrer la filière.
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La période de concertation sur la réforme de la filière photovoltaïque est officiellement et définitivement close. Ces pourparlers entamés début janvier n'ont cependant nullement calmé les inquiétudes des professionnels qui ont bruyamment manifesté leur mécontentement vendredi dernier en se rassemblant devant le ministère de l'Industrie. Lundi, c'était au tour des affiliés de l'association professionnelle de l'énergie solaire (Enerplan) et de l'Association des producteurs d'électricité solaire indépendants (Apesi) de faire connaître leur angoisse quant à l'avenir de la filière photovoltaïque.

Depuis la publication, le 9 décembre dernier, de l'arrêté gelant tous les projets solaires pour une période de trois mois, « nous estimons entre 2.000 et 3.000 le nombre des suppressions d'emplois dans notre filière industrielle », s'est alarmé Richard Loyen, délégué général d'Enerplan. Et le pire serait à venir. « Nous en attendons environ 10.000 dans les mois prochains », prédit-il sombrement.

Le rapport rédigé par les inspecteurs généraux, Jean-Michel Charpin et Claude Trink, chargés de collecter les propositions de l'ensemble des parties prenantes, n'a pas calmé les angoisses des associations professionnelles. Tout en reconnaissant qu'il s'agit d'une « bonne synthèse des discussions » qui ont émaillé les différentes réunions de concertation, Enerplan et l'Apesi le jugent cependant trop orienté. En clair, partisan. « On y retrouve nos suggestions et nos commentaires, mais les seuls scénarios proposés sont ceux de la Direction générale de l'énergie et du climat [DGEC, au sein du ministère de l'Industrie, Ndlr] », critique Richard Loyen.

Plan de sortie de la crise

Pour illustrer cette non prise en compte de leur avis, les associations professionnelles citent l'exemple des appels d'offres pour les futures centrales solaires au sol. Vivement débattue et critiquée par l'ensemble des professionnels, cette solution est néanmoins mise en avant par le rapport. « Dans ce système, aucune PME ne pourra investir dans les études et les démarches préalables et obligatoires à tout projet. Autant dire clairement que le système des appels d'offres est réservé aux gros industriels », décrypte Enerplan qui, implicitement et à l'instar de nombreux professionnels, pointe dans sa critique EDF Energies nouvelles, la branche « verte » d'EDF.

Un autre fait alimente par ailleurs les inquiétudes de la filière : dès lundi, la DGEC a fait connaître au gouvernement son plan de sortie de la crise, assorti notamment de ses évaluations concernant les nouveaux tarifs d'achat. Rien ne dit que Matignon les avalisera en l'état. Tout dépendra de l'appréciation qu'il porte sur le photovoltaïque : filière durable ou simple mode verte désormais dépassée. Réponse avant le 9 mars.

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