L'abondance d'ampoules transformée en terres rares

Un procédé nouveau de recyclage des ampoules va permettre la récupération d'environ 17 tonnes de terres rares
Copyright Reuters

N'ayons pas peur des mots. L'enjeu est écologique, certes, mais également économique et géostratégique. Le chimiste Rhodia, accompagné dans cette recherche par l'organisme de collecte et de recyclage des lampes usagées Récylum, est en train de finaliser un procédé de recyclage des terres rares contenues dans les lampes, comme l'yttrium, le terbium, l'europium... Le dispositif devrait être opérationnel « début 2012 » indique Hervé Grimaud, directeur général de Récylum.

Cette recherche est tout sauf banale. Les terres rares, également appelées lanthanides, forment en effet une famille de 17 métaux qui occupent une place de plus en plus importante dans nos process industriels de pointe et particulièrement dans les technologies vertes. On utilise par exemple le néodime dans la fabrication d'aimants surpuissants qui équipent les éoliennes, les turbines hydroélectriques mais aussi les voitures électriques et hybrides. Le terbium, autre terre rare, sert à la fabrication des écrans plats et des lampes basse consommation. Désignées sous des noms barbares tel que europium, yttrium, scandium, cérium, prométhéum, erbium..., les terres rares sont, comme leur nom l'indique, rares.

Chine premier producteur

Leurs gisements sont de plus concentrés principalement en Chine (51 % des réserves), en ex-URSS (20 %), en Amérique du nord (12 %) et du Sud et en Australie. La Chine assure actuellement plus de 95 % de la production mondiale, qui s'est élevée à 125.000 tonnes en 2010. Selon une étude du professeur Animesh Jha, de la Faculté d'Ingénierie de Leeds en Grande-Bretagne, « ces matériaux sont [...] largement utilisés dans les moteurs de voitures et l'électronique, les industries militaire et nucléaire. En fait, ils interviennent dans tant de technologies de pointe que la demande supplémentaire pour leurs applications dérivées devrait dépasser les approvisionnements ». Bref, ainsi que l'affirme Récylum, il s'agit bien de « ressources stratégiques ».

Dans ce contexte, le procédé en cours d'élaboration représente une formidable opportunité puisqu'il permet une réutilisation des matériaux rares contenus dans les lampes.

Concrètement, Rhodia travaille à la réalisation d'un site industriel chargé de retraiter les poudres fluorescentes qui entrent dans la composition des ampoules électriques. Des quelque 4.000 tonnes d'ampoules collectées par Récylum en 2010, on peut extraire 15 tonnes d'yttrium, 1 tonne de terbium et 1 tonne d'europium. Autant de terres rares qu'on n'aura pas à aller chercher chez les Chinois !

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.