Faillite de Solyndra, enfant prodige du solaire US

Très mauvais nouvelle pour Obama : le fabricant de "tubes" solaires Solyndra, société innovante qu'il a spectaculairement soutenue, vient de se déclarer en faillite et licencie 1.100 personnes. Et ce malgré près d'un milliard de dollars apportés par des fonds privés, ainsi qu'un demi-milliard de crédits garantis octroyés par le gouvernement fédéral.
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Le groupe, à la technologie originale - des panneaux en couches minces roulés en tubes pour capter le soleil de tous les côtés - ferme son usine californienne flambant neuve "Fab 2" et élimine au passage un tiers des 3 600 emplois solaires de la Silicon Valley, selon l'évaluation de Brookings Institution. De quoi alimenter les violentes critiques des Républicains contre les largesses de Barack Obama, qui avait visité l'usine l'an dernier et affiché son soutien personnel.
Solyndra est, comme beaucoup de ses concurrents, victime de la baisse des prix des panneaux photovoltaïques, qui élimine progressivement les producteurs trop petits ou trop chers et fait fondre les marges des grands fabricants, ainsi que du ralentissement des marchés européens au 1er semestre.
Ses tubes solaires restaient deux ou trois fois plus chers que les panneaux PV standards, et la société avait déjà dû réduire ses effectifs l'an dernier. Sa dernière levée de fonds début 2011 paraissait déjà une fuite en avant : elle s'est finalement mise mercredi sous la protection du "Chapter Eleven", la loi américaine de protection pour les faillites.

Une faillite politique
La nouvelle tombe bien mal pour Obama, dont le soutien aux énergies nouvelles est un cheval de bataille. Car il est attaqué depuis des mois par les Républicains pour ses larges subventions à des groupes pas toujours solides, et tout spécialement Solyndra. Et ce juste au moment où le Congrès examine non seulement un programme de coupes budgétaires mais aussi l'éventuelle prolongation du programme d'aides au secteur, qui se termine fin septembre.
Fin 2009, Solyndra avait obtenu de Washington un crédit garanti de 535 millions de dollars pour financer la construction de son usine Fab 2, à Fremont, en Californie. Elle en a déjà touché 520 millions, construit son usine et et rien remboursé. C'est donc l'Etat américain qui devra le faire.
C'était le tout premier grand prêt octroyé à une jeune entreprise du solaire, réalisé dans le cadre du plan Obama de soutien aux cleantech qui veut créer des "millions d'emplois verts". Depuis le gouvernement Obama a accordé plus de 30 milliards de dollars de prêts garantis, notamment à des projets éoliens et solaires.
Barack Obama et et l'ex-gouverneur de Californie Arnold Schwarzenegger avaient visité Fab 2 en grande pompe en mai 2010, la qualifiant "d'illustration du dynamisme américain" prouvant que l'Amérique "pouvait devenir un leader du solaire grâce aux aides publiques adéquates".
Mais ce prêt garanti était devenu la cible des Républicains, qui ont déclenché en février dernier une commission d'enquête du Congrès sur la santé de Solyndra. Parmi leurs critiques, le fait que l'un des investisseurs du groupe, George Kaiser, patron du fonds Argonaut, a été un gros contributeur de la campagne d'Obama.

Série noire
Solyndra a expliqué que malgré de grosses commandes, il n'avait pu atteindre assez vite une production à grande échelle et ne pouvait concurrencer les fabricants étrangers plus grands, notamment chinois. Fab 2 devait produire 200 MW par an dès cette année. Or, tout en affirmant que son carnet de commande dépassait 2 milliards de dollars, le groupe n'a livré que 100 MW cette année et son chiffre d'affaires 2010 s'est limité à 140 millions de dollars.
Le groupe a aussi expliqué ses difficultés par la chute libre des prix de ventes des panneaux photovoltaïques (-30% au cours des 12 dernier mois). Cette baisse a déjà mis à terre de petits fabricants américains comme Evergreen et Spectrawatt, qui viennent de déposer leur bilan.

Riche de 1,6 milliard, en vain
En février dernier, Solyndra avait encore levé 75 millions auprès de fonds américains, après avoir renoncé à tenter une introduction en Bourse dont la société espérait tirer 300 millions. Créée en 2005 par Christian Gronet, ancien cadre d'Applied Materials, Solyndra a levé en tout 970 millions de dollars auprès des fonds Argonaut Ventures, CMEA Ventures, Madrone Capital Partners, Redpoint Ventures, RockPort Capital Partners et U.S. Venture Partners, sans compter le crédit fédéral. Mais l'an dernier, un audit de PwC soulignait que Solyndra avait perdu 557 millions de dollars depuis sa création, précision qui avait torpillé ses velléités de cotation.
Selon la presse locale, les salariés de Solyndra se demandaient s'il n'était pas tout simplement trop cher de fabriquer des panneaux solaires aux Etats-Unis... Le prix de vente des panneaux des fabricants chinois, qui sont massivement soutenus par Pékin, a diminué de 42% depuis janvier, et selon une étude du DoE (Département de l'Energie) parue mercredi, la part de marché mondiale des panneaux américains n'est plus que de 7%.
Parmi les autres producteurs américains de panneaux en couches minces, soumis aux même contraintes, figurent le groupe MiaSole, qui emploie 450 salariés en Californie, ou encore Nanosolar. Tous cherchent en hâte à grossir leur production et réduire leurs coûts. En auront-ils le temps ?

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