Cleantech Republic : En quoi votre innovation change-t-elle la donne ?

Fabien Gaben : Aujourd'hui, les solutions pour alimenter un circuit en autonomie posent des problèmes. Ou du moins des contraintes industrielles gênantes : les piles n'étant pas rechargeables doivent être changées, ce qui ampute le confort d'usage ; les super-condensateurs ont une autodécharge importante, ce qui les disqualifie pour les objets non connectés à une source d'énergie ; les micro-batteries dites « planaires » ont des durées de vie trop faibles. Et enfin toutes ces technologies sont encombrantes et donc difficiles à souder directement sur une carte électronique.

Ce qui complique la tâche des industriels…

Effectivement, les industriels doivent souvent concevoir des techniques d'intégration spécifiques - parfois « à la main » - qui compliquent et ralentissent leurs process. Nos batteries multicouches minces en céramiques lèvent à 100% ces obstacles. Elle sont dix fois moins volumineuses à capacités égales, présentent une durée de vie excellente, et peuvent être intégrées sur les circuits électroniques comme n'importe quel composant passif car elles résistent largement aux températures de soudage grâce à l'absence d'électrolyte liquide et de polymère. Une absence qui facilite d'ailleurs leur fin de vie et améliore leurs qualités environnementales. Elles partagent ainsi les procédés de recyclage en vigueur dans l'électronique.

Quels marchés visez-vous ?

Nos clients directs sont des électroniciens. Ils présentent trois besoins fonctionnels principaux : le backup (ndlr : sauvegarde de données), aujourd'hui adressé principalement par des piles boutons ; la sécurisation des cartes à puces qui nécessite des batteries de quelques microns d'épaisseur ; et l'autonomie en énergie de capteurs, pour lesquels nous sommes le partenaire idéal des dispositifs d'energy harvesting. C'est-à-dire la récolte d'énergie de faible puissance via des sources externes : photovoltaïque, vibrations, mouvements ou encore variations de températures.

Dans quels objets électroniques vos batteries seront intégrées ?

Au final, on les retrouvera dans des objets électroniques exigeant une sécurité avancée comme des passeports électroniques ou des cartes bancaires, dans des capteurs industriels du type « set and forget » (ndlr : capteurs souvent installés dans des endroits difficiles d'accès), ou même dans des objets connectés grand public. Ce monde du machine-to-machine prend de l'importance dans nos vies et va nécessiter de plus en plus de sécurité. Nos micro-batteries sont l'un des outils indispensables à une vie numérique sans stress.

Vous venez de lever 3,2 millions d'euros. A quoi vont servir ces fonds ?

Précisons qu'il s'agit de notre première levée de fonds après le soutien initial, en amorçage, de BPIfrance. Maintenant que la technologie est validée et fonctionnelle, nous devons passer du laboratoire à la fabrication industrielle. Cela nécessite une importante phase de R&D plus opérationnelle, qui va durer entre 18 et 24 mois, et par le renforcement de notre propriété intellectuelle/industrielle, probablement par le dépôt de nouveaux brevets. Nous prévoyons ainsi les premières préséries pour fin 2015.

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I-TEN en bref…

• Création : 2011
• Effectifs : 5 personnes (en croissance)
• Financement : fondateurs puis levée de fonds en mars 2014 auprès d'Innovacom, Demeter Partners, et Rhône Alpes Création / R2V.
• Partenaires : Créalys (incubateur région Rhône Alpes), ENS Lyon, Laboratoire Interdisciplinaire Carnot de Bourgogne.

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