La pile à combustible séduit les transports et l'industrie

Des avions légers aux chariots élévateurs, les marchés précoces des applications utilisant l'hydrogène pourraient représenter 1 milliard d'euros en 2015.

Souvent assimilée à un pétard mouillé, la pile à combustible commence à prendre du galon. Certes, des marchés comme l'automobile restent désertés par les applications énergétiques fondées sur l'hydrogène. Mais « on voit apparaître de belles réalisations sur des marchés de ­niche, dit précoces », assure Éric Prades, directeur hydrogène énergie chez Air Liquide. Les professionnels s'attendent à ce que la prochaine édition de la World Hydrogen Energy Conference (WHEC), grand-messe de la discipline prévue à Essen du 16 au 21 mai, consacre le « grignotage » de l'hydrogène sur ces segments.

Une PME savoyarde, Lisa Airplanes, qui fabrique des avions légers haut degamme, prépare ainsi la version solaire-hydrogène (Hy-Bird) de son appareil pour clients fortunés (plus de 300.000 euros l'unité). Les premiers essais de ce modèle qui doit voler à 150 km/h avec une autonomie initiale de 1 h 30 (5 heures souhaitées à terme) débuteront en 2011. « Dans l'aéronautique, la navigation de plaisance, le yachting, l'intérêt pour ce type d'application est manifeste », témoigne Didier Marsacq, directeur du CEA-Liten à Grenoble, un laboratoire très en pointe dans les énergies nouvelles. La miniaturisation de ces solutions et une première standardisation industrielle favorisent l'engouement d'utilisateurs épris de silence, de confort... et de chic environnemental !

Coûts de maintenance réduits

Mais la pile à combustible gagne aussi des marchés plus industriels. « C'est le cas pour les chariots élévateurs aux Etats-Unis où l'on compte aujourd'hui près de 1.000 unités en circulation avec des équipements dotés d'un moteur à hydrogène d'une puissance de 10 kW », note Éric Prades. Les logisticiens, les spécialistes du « food business », l'armée américaine, ont opté pour la pile à combustible, attirés pas des coûts de maintenance réduits, un meilleur taux de disponibilité... et les politiques d'incitation engagées par les pouvoirs publics qui subventionnent les achats de ces chariots à hauteur de 3.000 dollars le kW installé ! Selon le spécialiste d'Air Liquide, ces petits véhicules à hydrogène ne forment que 1 % du parc des véhicules électriques aux États-Unis. Mais ils pourraient vite atteindre les 4 % à 5 %. L'Europe devrait suivre, à la faveur du programme de soutien Full Cells and Hydrogen Joint. « L'intéressant, c'est que ces flottes captives de véhicules peuvent être approvisionnées à partir d'un point unique, ce qui réduit les difficultés liés à l'absence de grandes infrastructures de distribution d'hydrogène », estime Éric Prades. Grâce à cet atout, l'hydrogène intéresse aussi le transport collectif. Lors des récents Jeux d'hiver de Vancouver, une vingtaine de bus ont ainsi été alimenté à l'hydrogène. « Il faut ajouter à ces applications toute la sphère du stationnaire, telle l'alimentation des relais isolés de téléphonie mobile ».

Selon Eric Prades, ces marchés précoces pourraient représenter un chiffre d'affaires mondial de plus de 1 milliard d'euros en 2015, de plus de 4 milliards à terme, et « beaucoup plus si la Chine et l'Inde s'y mettent... ».

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Commentaire 1
à écrit le 24/04/2010 à 10:10
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La pile à combustible (PAC) a peu d'intérêt dans les transports puisqu'une partie de l'énergie dégagée l'est sous forme de chaleur à haute température, difficile à valoriser en embarqué. C'est dans les applications stationnaires type cogénération que...

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