Le blocage du pétrole russe n'inquiète pas l'Union européenne

La guerre du gaz entre la Russie et la Biélorussie tourne à la guerre du pétrole. Moscou, qui accuse Minsk de siphonner indûment du pétrole transitant par ses oléoducs, a fermé hier le robinet d'alimentation. " Le passage du pétrole [russe] par l'oléoduc Droujba est interrompu " depuis " le 8 janvier au matin ", a annoncé hier la télévision biélorusse. Un nouveau chapitre du bras de fer qui oppose Moscou à ses anciennes républiques sur le prix du gaz vient de s'ouvrir.Menacée au coeur de l'hiver de ne plus être livrée en gaz, la Biélorussie avait accepté, le 31 décembre, un doublement du prix du gaz à 100 dollars les 1.000 m3 et de céder la majorité de Beltransgaz - la société qui contrôle le réseau de gazoduc traversant le pays vers l'Europe - à Gazprom pour 2,5 milliards de dollars. Le contrat, qualifié d'" excellent " par le patron de Gazprom, Alexeï Miller, avait été jugé " regrettable " par le Premier ministre biélorusse Sergueï Sidorski.DES MESURES DE RETORSION ECONOMIQUESLa Biélorussie a donc annoncé mercredi dernier l'instauration d'une taxe de 45 dollars sur chaque tonne de pétrole russe transitant par ses oléoducs à compter du 1er janvier. La société russe Transneft, qui contrôle la quasi-totalité du réseau d'oléoducs russe, a refusé de s'acquitter de la taxe. D'après le vice-président de Transneft Sergueï Grigoryev, interrogé par Reuters, " la Biélorussie a commencé à ponctionner du pétrole pour se payer en nature la nouvelle taxe qu'elle avait illégalement mise en place ". Le président de Transneft affirme que 79.000 tonnes de pétrole ont ainsi été illégalement prélevées par la Biélorussie.Transneft aurait alors réduit en proportion ses livraisons de pétrole jusqu'à ce que " nous atteignions le point où nous avons dû interrompre les approvisionnements". Le Kremlin a annoncé que la Russie réfléchissait à des mesures de rétorsion économiques contre la Biélorussie, qui a annoncé l'envoi de son vice-Premier ministre à Moscou afin de trouver une issue à la crise.La Russie fait transiter chaque année par les oléoducs biélorusses environ 100 millions de tonnes de brut à destination de la Pologne, de l'Allemagne, de la République tchèque, de la Slovaquie et de la Lituanie. L'impact d'une fermeture, même prolongée, de l'oléoduc Droujba, qui signifie amitié en russe, serait toutefois " limité " , souligne Thomas Gomart, spécialiste de la région à l'Institut français des relations internationales (Ifri). Contrairement au gaz, les clients peuvent se tourner vers d'autres fournisseurs. La Commission européenne estime que cette interruption ne " pose aucun risque d'approvisionnement à court terme pour l'union européenne ".
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