Le Trésor américain veut rassurer Pékin

DiplomatieOn avait connu Timothy Geithner plus offensif. Hier, en entamant sa première visite officielle en Chine, le secrétaire au Trésor américain s'est montré plus qu'aimable. Certes, devant les étudiants de l'université de Pékin, où il a lui-même étudié le mandarin dans les années 1980, il a bien appelé à « une plus grande flexibilité du taux de change », autrement dit, une réévaluation du yuan face au dollar. Ce qui permettrait de doper non plus les exportations chinoises, mais les importations, et partant, de « rééquilibrer le modèle de croissance » de l'économie. Qui se recentrerait donc sur la demande interne.Mais Geithner s'est bien gardé de parler de « manipulation » du change par Pékin, comme il l'avait fait en janvier dernier, lors de sa confirmation devant le Sénat, et encore moins de sous-évaluation de la monnaie chinoise? En fait, le patron du Trésor américain, qui rencontrera aujourd'hui le Premier ministre Wen Jiabao et le président Hu Jintao, n'est pas à Pékin pour faire pression sur les autorités communistes, comme les Américains avaient pris l'habitude de faire, mais au contraire, pour les rassurer. Les cajoler, même. Il lui faut en effet rasséréner ses principaux créanciers ? les Chinois détenaient, à la fin mars dernier, environ 768 milliards de dollars de bons du Trésor américain ? sur le fait que ces titres sont « sûrs ». Or, les autorités chinoises semblent avoir des doutes. Qu'elles ont déjà exprimé? Ainsi, il y a quelques semaines, elles s'étaient émues du déficit budgétaire abyssal que creusait l'administration Obama avec ses plans de relance et de sauvetage en tous genres. Pour l'exercice fiscal 2009, qui se terminera le 30 septembre prochain, le « trou » devrait atteindre le niveau record de 1.750 milliards de dollars, soit l'équivalent de 12,9 % du PIB. Même s'il est urgent de relancer l'activité économique, de tels niveaux de dette peuvent miner la confiance des investisseurs et faire pression à la baisse sur la valeur du dollar, et pression à la hausse sur les taux d'intérêt (pour mieux rémunérer le risque). promessesCe serait un scénario négatif pour les détenteurs de dette déjà émise et libellée en dollars, comme le sont les Chinois. Or, alors que Geithner atterrissait, paraissait dans la presse une étude selon laquelle les économistes chinois considéraient la détention d'obligations américaines « risquée »? Le Trésor a donc réitéré l'objectif déjà énoncé : celui de réduire, à la faveur d'une reprise économique, le déficit à 3 % à horizon 2012. Mais ce n'est pas tout. Au-delà d'un rééquilibrage du modèle de croissance chinois, qui devra bien prendre en compte la faiblesse annoncée de l'appétit des consommateurs américains, Washington propose à Pékin un nouveau soutien, voire un « mano a mano » sur la scène internationale. Une façon de reconnaître l'émergence de la Chine en tant que superpuissance et, surtout, grâce à une coopération accrue, de mieux s'attaquer aux « problèmes mondiaux ». Autant de promesses qui nourriront la réunion sur « le dialogue stratégique » de cet été à Washington.
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