La BCE est mieux armée pour la sortie de crise

On ne change pas une stratégie qui gagne. À défaut d'avoir extirpé la zone euro de la crise, celle de la Banque centrale européenne lui a permis de reprendre son souffle. À l'issue de son conseil de ce jeudi, elle devrait donc maintenir inchangé son taux directeur, fixé à 1 % depuis le 7 mai, taux qui devrait rester stable jusqu'à la fin 2010 si l'on en croit la majorité des économistes du panel de l'agence Reuters. Les sages de Francfort devraient également détailler leur programme d'achats d'obligations sécurisées prévu pour démarrer en ce mois de juillet, mais en maintenir le montant à 60 milliards d'euros, une goutte d'eau comparée aux rachats d'actifs engagés par les deux principales banques centrales concurrentes, la Réserve fédérale américaine et la Banque d'Angleterre. Ces deux derniers instituts d'émission se sont lancés dans l'assouplissement quantitatif proprement dit, soit l'achat direct de titres de la dette publique de leurs pays respectifs. Un engagement qui sera beaucoup plus compliqué à dénouer que la stratégie de la BCE qui consiste à privilégier le système bancaire, à lui assurer des quantités illimitées de liquidités mises à sa disposition en contrepartie d'une gamme de titres éligibles à ses refinancements qui n'a cessé de s'élargir. Car, c'est une spécificité de la zone euro, ce sont les banques qui assurent les trois quarts du financement des entreprises du Vieux Continent.assainissementLa solution adoptée par Francfort va grandement faciliter à la BCE sa politique de sortie de crise, une fois bien sûr que les rouages du marché interbancaire seront à nouveau bien huilés, ce qui est déjà sérieusement évoqué. Ainsi, bon nombre d'institutions internationales commencent à demander aux responsables politiques de réfléchir à l'« assainissement » de leurs finances et aux banques centrales de se préparer à retirer des marchés les liquidités excédentaires dès qu'elles ne seront plus absolument nécessaires, afin d'éviter une accélération brutale des prix, soulignent les économistes d'Aurel BGC.Outre que l'approche de la BCE a mieux réussi que celles de ses homologues américaine et britannique à maintenir les rendements longs à faible niveau, elle n'a pas augmenté la monnaie en circulation dans les mêmes proportions. Même si son bilan s'est accru aussi agressivement. Depuis maintenant près d'un mois et pour la première fois depuis belle lurette, les taux allemands à dix ans, référence de la zone euro, sont redevenus inférieurs aux taux américains de même échéance (respectivement 3,42 % et 3,59 % hier). Mais surtout, la BCE n'aura pas besoin de stratégie élaborée pour éponger les excédents. À mesure que les injections à 1 mois, 3 mois, 6 mois et à 1 an, depuis la première opération de cette maturité organisée la semaine dernière avec le succès que l'on sait, arriveront à échéance, le bilan de la BCE se dégonflera mécaniquement. On comprend mieux pourquoi Jean-Claude Trichet a toujours clamé que la BCE utilisait des outils non conventionnels mais tournait le dos à l'assouplissement quantitatif. Lire aussi page 9L'approche de la BCE a mieux réussi que celles de ses homologues américaine et britannique.
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