Le voilà officiellement aux commandes d'un géant de la distribution. Lars Olofsson prend lundi ses fonctions de directeur général du groupe Carrefour. Il succède à José Luis Duran, patron du groupe depuis mars 2005, débarqué par le conseil d'administration le 18 novembre 2008. À 57 ans, ce Suédois, un ancien de chez Nestlé où il a passé trente-deux ans de sa vie, vient d'accepter une mission infernale : diriger un groupe dont le titre doit être relancé en Bourse alors que toutes les places boursières s'effondrent, et faire sonner le tiroir-caisse de 15.000 magasins Carrefour alors que la consommation chute dans la majeure partie des 30 pays où il est présent.L'homme a été choisi par Groupe Arnault et Colony Capital qui, depuis leur entrée au capital en mars 2007, ont investi plus de 3 milliards d'euros dans le numéro deux mondial de la distribution. Depuis, les deux investisseurs à la tête de 13 % du capital se désespèrent. Le titre Carrefour a perdu près de 47 % de sa valeur. Sa capitalisation boursière vient de passer sous la barre des 20 milliards d'euros. La conjoncture ébranle son activité en Europe où le groupe est leader. Par deux fois en 2008, Carrefour a révisé à la baisse ses résultats de l'exercice en cours. Son activité ne devrait progresser que de 6,5 %. Son résultat opérationnel ne sera qu'en légère croissance par rapport à 2007.un carnet d'adresses topLars Olofsson a-t-il la carrure pour sortir le groupe de cette ornière ? « C'est un numéro deux. Il n'a été choisi que pour un rôle d'exécutant des décisions prises par les actionnaires », raille un observateur. Rien n'est moins sûr. Aux dires de ses anciens collaborateurs, Lars Olofsson, quadrilingue, a toute la personnalité nécessaire qu'exige la direction d'un groupe mondial détenu par Bernard Arnault, première fortune de France. « C'est un Monsieur. Il a toutes les caractéristiques du grand patron : cordial, clair, convaincant et maîtris頻, assure un ténor de l'agroalimentaire en France. « Il sait aligner des cadres au cordeau à l'instar de sa coupe en brosse de 1,5 cm de longueur. Un vrai pro, précis, meneur d'hommes. Que dire de plus ? », remarque un industriel de l'agroalimentaire.Lars Olofsson a surtout pour lui de connaître parfaitement la grande distribution. En France d'abord, où il a dirigé Nestlé. Il en a tiré un réseau, un carnet d'adresses « extraordinaire », rapporte un ancien collaborateur de Nestlé. Chevalier du Mérite agricole, ancien membre de l'Institut de liaisons et d'études des industries de consommation, lobby reconnu des industriels de la consommation, Lars Olofsson a reçu la Légion d'honneur. C'était en avril 2003, des propres mains de Jacques Dermagne, actuel président du Conseil économique et social et ancien président du Conseil national du commerce. « Il n'a pas perdu son carnet d'adresses », note un ancien de ses directeurs commerciaux. Ce sera un atout alors qu'en France, son premier marché, se profile une nouvelle réforme de l'urbanisme commercial, qui chamboulera le paysage de la distribution dans l'Hexagone et que la loi de modernisation économique modifie les relations entre fournisseurs et distributeurs.Mieux : ses fonctions de vice-président chez Nestlé à Vevey en Suisse lui ont assuré une parfaite connaissance des stratégies commerciales de Tesco et autres Wal-Mart. Autant d'informations précieuses pour Carrefour à l'heure où la conjoncture ravive la concurrence entre les grands distributeurs internationaux. Et, inversement, Olofsson connaît parfaitement la politique commerciale de Carrefour. Fut un temps, Nestlé a chargé chaque membre de sa direction générale du suivi d'un distributeur à l'international. À l'époque où le groupe était dirigé par Daniel Bernard, Lars Olofsson était chargé de suivre? Carrefour. « Le groupe gagnera à être dirigé par un ancien patron d'un fournisseur de produits de grande consommation », ajoute un observateur. Surtout que Carrefour doit revoir son marketing pour relancer ses ventes. Et c'est heureusement un domaine où Lars Olofsson, ancien chef de produit chez Findus, excelle. nIl sait aligner des cadres au cordeau à l'instar de sa coupe en brosse de 1,5 cm de longueur. Un vrai pro.

latribune.fr

15 Jan 2009, 1:29

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