Les banques françaises recrutent encore

Les banques connaissent leur pire crise depuis celle de 1929. Même les plus solides des banques françaises ne sont pas épargnées. Suivant une tendance générale dans le monde à la baisse des effectifs, les banques françaises suppriment des emplois dans leurs activités de banque d'investissement. Natixis va supprimer 2.150 emplois à travers le monde, Crédit Agricole 500 postes dont la moitié en France et BNP Paribas environ 800 postes dans sa banque d'investissement (BFI). De son côté, Société Générale assure garder des effectifs stables par rapport à 2007 dans sa BFI, ce qui signifie qu'ils baisseront par rapport à l'an passé.Pourtant, malgré ces coupes, les banques françaises restent parmi les premiers recruteurs en France. Déjà en 2008, les établissements bancaires français auront recruté près de 20.000 personnes en France, selon l'Association française des banques (AFB). C'est un peu moins que les 25.000 embauches recensées en 2007, mais ce niveau constituait un record. Et, malgré l'aggravation de la crise, les acteurs du secteur ne révisent que légèrement à la baisse, voire pas du tout, leurs objectifs de recrutement en 2009. Les Caisses d'Épargne prévoient ainsi d'intégrer l'an prochain 2.500 à 3.000 nouveaux collaborateurs dans l'Hexagone, soit autant qu'en 2008. De son côté, BNP Paribas devrait recruter entre 3.000 et 4.000 personnes en France cette année, contre 3.700 personnes en 2008. « L'activité de banque de détail du groupe, qui compte aussi des filiales spécialisées, absorbe plus de 60 % des embauches », précise Bénédicte Monneron, responsable des ressources humaines au sein de la première banque française. La proportion est équivalente voire supérieure chez ses concurrents. « La banque de détail joue le rôle d'amortisseur contracyclique aussi bien en matière de contribution au résultat que de ressources humaines », résume Denis Tassel, consultant chez Eurogroup.Conseillers spécialisésPlusieurs facteurs expliquent ce dynamisme. Compte tenu de sa pyramide des âges, le secteur bancaire devrait voir un gros tiers de sa population partir dans les dix prochaines années. Les banques doivent donc assurer le remplacement de cette génération de « baby-boomers ». Un second facteur est à l'?uvre : les établissements bancaires continuent d'ouvrir des agences qu'elles doivent doter d'équipes commerciales étoffées. « 70 % des volumes de recrutement concernent des postes de commerciaux », précise Guy Cotret, membre du directoire de la Caisse Nationale des Caisses d'Épargne en charge des ressources humaines. Dans ce contexte, « la banque de détail connaît un déficit structurel de postes de commerciaux seniors sur les professionnels, les entreprises et la gestion du patrimoine. Face à des clients de mieux en mieux informés, les banques cherchent en effet à développer une offre de conseil à forte valeur ajoutée. Les profils de conseillers spécialisés expérimentés sont donc de plus en plus recherchés », souligne Denis Tassel. C'est la raison pour laquelle la Société Générale a étendu cette année pour la première fois sa campagne de recrutement baptisée SOGElive à des profils plus expérimentés que les seuls jeunes diplômés. Un dernier facteur explique cette évolution : les banques sont obligées d'élargir leur vivier pour compenser le manque de commerciaux. Lesquels n'hésitent pas à faire jouer la concurrence. Alors que le chômage s'accélère en France ces dernières semaines, les profils de commerciaux restent, malgré la crise, les mieux placés pour trouver un emploi dans le secteur bancaire.
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