Une politique menée avec constance depuis 1993

J'ai travaillé dans le secteur privé, dans des banques. Je n'ai jamais vu que le coût du travail puisse être un frein à l'embauche. » C'était en 1997. Président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale, le socialiste Henri Emmanuelli contestait l'idée même d'une baisse des charges, dont il ne voyait pas l'utilité. Pourtant, Lionel Jospin, qui décidera quelques mois plus tard de mettre en ?uvre les 35 heures, poursuivra et amplifiera la politique d'allégement des cotisations sociales initiée par Édouard Balladur (1993) et Alain Juppé (1995). Un consensus gauche-droite, donc.Concentrée d'abord sur les bas salaires, la baisse des charges a été instaurée sur la base d'un constat mis en avant par l'ensemble des économistes : le coût du travail est trop élevé, surtout s'agissant des emplois les moins qualifiés. Une baisse des salaires étant exclue, au détriment de salariés déjà peu rémunérés, il faut diminuer les cotisations sociales payées par les employeurs afin d'alléger le coût global du travail. Premier ministre en mars 1993, Édouard Balladur commence timidement, en accordant une exonération partielle sur les cotisations d'allocations familiales versées par les employeurs, entre 1 Smic et 1,2 fois le Smic. Jusqu'à 1,1 Smic, les entreprises économisent 5 points de cotisation (sur un total de charges dépassant les 45 % du salaire brut). Entre 1,1 et 1,2 Smic, l'allégement n'est plus que de 2,5 points.effets de seuilCe mécanisme présente le défaut évident de provoquer des effets de seuil. Augmenter un salarié au-delà de 1,2 Smic entraîne la perte brutale de tout allégement. Voilà pourquoi, quand Alain Juppé décide de faire monter en puissance ces allégements, en instaurant un barème dégressif : l'allégement de cotisations (18 points de moins au niveau du Smic) diminue progressivement à mesure que le salaire augmente, pour s'annuler à 1,35 smic.Chargée de mettre en ?uvre les 35 heures, Martine Aubry va amplifier ces allégements, afin de compenser le surcoût de la RTT pour les entreprises. La ristourne, réservée aux entreprises diminuant le temps de travail, atteint 26 points s'agissant du Smic, et diminue progressivement, jusqu'à 1,8 Smic.François Fillon accordera les baisses de charges à toutes les entreprises, qu'elles se soient engagées dans la RTT ou non. Au niveau du Smic, les cotisations patronales ne représentent plus que 4 % du salaire brut. I. B.
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