La première relance assumée depuis 1981

« C'est un plan de relance inédit, du jamais vu depuis 1981. » L'entourage du chef de l'État n'hésitait pas à manier les superlatifs, hier, pour qualifier les annonces de Nicolas Sarkozy. Exagération?? De fait, depuis le plan Mauroy mis en ?uvre par la gauche fraîchement arrivée au pouvoir, aucun gouvernement n'a assumé le vocable de relance, ni présenté un ensemble global de mesures visant à soutenir l'économie. Même les experts engagés à gauche l'admettent. « En 1997, nous avons fait en sorte de doper la demande, mais il ne s'agissait pas d'une véritable relance, puisqu'il fallait aussi diminuer le déficit, pour satisfaire aux critères de Maastricht », explique le député PS Pierre-Alain Muet, ex-conseiller économique de Lionel Jospin à Matignon.Certes, des mesures dites de « stimulation budgétaire » ont été prises par les différents gouvernements qui se sont succédé. « Toute baisse de l'impôt sur le revenu peut s'analyser comme un soutien de la demande », relève Éric Heyer, directeur adjoint du département analyse et prévision à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). Mais le vocable de relance ne s'applique pas vraiment. Il faut donc remonter à l'arrivée de François Mitterrand au pouvoir pour trouver un élément de comparaison avec le plan annoncé aujourd'hui par Nicolas Sarkozy. L'ampleur du plan actuel dépasserait 1 % du PIB. Et en 1981?? « L'impact du plan a pu être estimé 0,25 point de PIB pour 1981 et 1,5 point pour 1982 », estime Pierre-Alain Muet, qui a analysé l'échec de la politique de relance menée alors. Un échec dû largement à l'isolement de la France, qui a relancé à contre-courant, alors même que la conjoncture se dégradait dans l'ensemble des pays industriels. Le plan de 1981, légèrement inférieur à 2 points de PIB, était donc a priori plus important que celui dévoilé aujourd'hui. Mais un président de droite avait fait encore mieux?: en 1975, Jacques Chirac avait pris une série de mesures, à la suite de l'effondrement de la croissance lié au premier choc pétrolier. « L'ensemble avait représenté alors 2,2 points de PIB », calcule Pierre-Alain Muet.les dates qui marquent1975 et 1981 sont donc les dates marquantes des relances de l'après-guerre. Pourtant, avec l'année 1975 (au cours de laquelle le PIB avait baissé de 1 %), une autre période de récession a marqué l'économie française?: 1993 (PIB en recul de 0,9 %). Mais le gouvernement socialiste était alors finissant, les élections législatives de mars 1993 apparaissant alors comme perdues d'avance. Quant à l'équipe arrivant au pouvoir, elle ne jugea alors pas utile de faire repartir la croissance. « Regardez l'envolée du déficit, cela ne servirait à rien d'en ajouter », résumait au printemps 1993 l'entourage du ministre de l'Économie, Edmond Alphandéry. Plutôt que de relancer franchement, le gouvernement Balladur avait augmenté la CSG? avant de multiplier les cadeaux budgétaires et fiscaux, dans une optique plutôt électoraliste. Le ministre du Budget d'alors ne prononçait jamais le terme de relance. Il s'appelait Nicolas Sarkozy.Ivan Best+BSD++PasSupprimerBalise balise systèmene pas supprimer++BSF++
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