Merrill Lynch souffre de l'exode de ses banquiers en Europe

C'est l'hécatombe chez Merrill Lynch. Depuis que la banque d'affaires new-yorkaise a été rachetée par Bank of America le 1er janvier dernier, les départs se multiplient dans ses équipes. Aux États-Unis, Greg Fleming, patron de la banque d'investissement, Robert McCann, responsable de la gestion de fortune, et, vendredi dernier, George Young, responsable de la couverture des clients dans le secteur technologie, médias et télécoms, sont partis. Ces changements sont habituels dans des grandes fusions. Bank of America a ainsi annoncé en décembre la suppression de 30.000 à 35.000 emplois. Au-delà des départs contraints des salariés, Bank of America s'inquiète des départs volontaires des dirigeants. Depuis plusieurs semaines, le phénomène s'est propagé aux équipes européennes. En février, douze banquiers de Merrill Lynch spécialisés sur le secteur financier ont été recrutés par Deutsche Bank à Londres. Quelques semaines plus tard, la banque allemande récidive et débauche chez Merrill Lynch à Paris (voir encadré). Et la liste s'allonge. À Londres, Mark Echlin, banquier-conseil pour les groupes industriels, rejoint Credit Suisse quelques jours après le départ d'un des grands pontes de Merrill Lynch, Mark Aedy, qui était responsable de la banque d'affaires en Europe. Enfin, l'un des premiers banquiers italiens de Merrill Lynch, Andrea Pellegrini, a rejoint Nomura (ex-Lehman Brothers) il y a quelques jours. Ces multiples départs illustrent le malaise au sein de la banque américaine. Depuis le premier jour, la fusion avec Bank of America n'a jamais été acceptée par les banquiers de chez Merrill Lynch. Leur culture de banquiers d'affaires et de traders new-yorkais n'a pas réussi à s'adapter à celle de banque de réseau de Bank of America, basée en Caroline du Nord. Les banquiers de Merrill Lynch ont toujours été convaincus que la banque dirigée par Kenneth Lewis n'était intéressée que par le réseau de courtiers de Merrill Lynch et en aucun cas par la banque d'affaires. Pour autant, cet exode des meilleurs banquiers en Europe commence à inquiéter les dirigeants de Bank of America. Le responsable mondial de la banque d'investissement, Brian Moynihan, a même fait un déplacement éclair à Londres il y a deux semaines pour convaincre plusieurs dirigeants de Merrill Lynch de rester. Parmi eux, Andrea Orcel, patron de la banque d'affaires à l'international, menaçait de quitter la banque. Il est notamment reconnu pour avoir initié le rachat d'ABN-Amro par Royal Bank of Scotland, Santander et Fortis, qui a rapporté à Merrill Lynch 550 millions de dollars. Dernier signe fort pour calmer les esprits, Bank of America a décidé d'augmenter de 70 % la base de salaire fixe annuel de ses banquiers pour compenser en partie la chute de leur bonus. Les seniors verront leur salaire fixe augmenter en moyenne de 180.000 dollars à 300.000 dollars, selon Bloomberg. Il est probable que cela freine au moins l'hémorragie. Matthieu Pechberty© crédits photo
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.