Les traders louent des tankers pour spéculer sur le pétrole

Où mettre tout ce pétrole, dont personne ne veut alimenter sa voiture ces derniers temps ? Pas à Cushing, en tout cas. La petite ville d'Oklahoma, aux États-Unis, qui se targue d'être le « carrefour des pipelines du monde » en raison de l'importance de ses capacités de stockage, est proche de la saturation, avec 32,2 millions de barils au compteur le 2 janvier dernier. Une situation loin d'être anecdotique pour le marché du pétrole, puisqu'elle accélère la dégringolade du West Texas Intermediate, qui a plongé de 13 % en deux jours. C'est en effet à partir du WTI, un pétrole doux et léger traité à Cushing, que se déterminent les cours des autres types d'huile. Une fois de plus, la question logistique vient donc mettre un grain de sable dans le processus de formation des prix. proche de la saturationEn 2007, déjà, l'interruption du fonctionnement d'une raffinerie de Valero avait fait grimper les stocks de Cushing, et le WTI avait chuté au-dessous du prix du Brent, comme c'est le cas actuellement : le WTI cotait 41,78 dollars hier, soit quatre dollars au-dessous de la référence européenne. En 2007, les stocks maximaux de Cushing étaient estimés à 28 millions de barils. Depuis, des investissements ont été réalisés, et des cuves supplémentaires ajoutées. Les capacités pourraient bien représenter 45 millions de barils au maximum. Mais le taux d'utilisation des capacités de stockage ne dépasse pas 80 % ; Cushing est donc aujourd'hui proche de la saturation. Le phénomène de stockage est accentué par la situation de « contango » du marché à terme : le prix du pétrole pour livraison dans six mois est plus élevé de 12 dollars par baril. Les compagnies pétrolières, mais aussi les traders ont donc tout intérêt à utiliser au maximum les capacités de stockage pour entreposer le combustible. C'est là que les cargos interviennent. À l'instar de l'Iran et du Venezuela, qui ont commencé très tôt à immobiliser du brut sur la mer, des traders font de même afin d'éviter de le vendre aux prix actuels. Selon Frontline, le premier opérateur de supertankers, la demande de tankers de la part de traders atteint aujourd'hui un niveau jamais vu. Soit 7 % de la flotte totale, ou 35 VLCC (Very Large Crude Carrier), qui attendent que les cours se reprennent. Un phénomène qui se répercute sur la vitesse moyenne des navires dédiés au pétrole, qui a décéléré ces derniers jours selon l'indice calculé par Bloomberg, ainsi que sur les prix de location des tankers, qui affichaient une vive hausse hier.
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