Un Fonds d'investissement social fourre-tout

Nom de code : Fiso. Durée de vie : deux ans. Mission : coordonner les efforts en matière d'emploi et de formation en faveur des « victimes de la crise ». Demain matin, devant les partenaires sociaux, Nicolas Sarkozy lèvera le voile officiellement sur le contenu du Fonds d'investissement social (Fiso). Promis par le chef de l'État lors du sommet social du 18 février, le Fiso risque cependant fort de ne pas être à la hauteur des ambitions des syndicats. Y compris de la CFDT qui avait fait de ce fonds sa principale revendication face à la crise.La dernière version du document constitutif du Fiso, envoyée aux partenaires sociaux, dessine, en effet, des contours flous. Le fonds « a vocation à garantir la cohérence des actions engagées et des financements apportés par les différents partenaires, tout en préservant leur autonomie de décision et de gestion », stipule prudemment le document. Derrière cette formulation pour le moins obscure se cache une simple structure informelle chargée de labelliser des projets existants ou futurs, lancés à l'initiative des partenaires sociaux, de l'État ou des régions. Des projets qui auraient vu le jour de toute façon. Ces actions seront coordonnées par une cellule de pilotage où siègent les différents acteurs. L'aspect informel du Fiso ne déplaît pas aux représentants patronaux. « Au moins, au bout des deux ans, il n'y aura pas tout à démonter. Un conseil d'administration avec des représentants des uns et des autres? », souligne l'un d'entre eux.En revanche, syndicats comme patronat s'interrogent sur les missions concrètes du Fiso et son financement. Le document constitutif liste une quinzaine d'objectifs qui s'apparentent à un inventaire à la Prévert : prime forfaitaire en faveur des travailleurs précaires, indemnisation du chômage partiel, formation des salariés peu qualifiés, aides à la création d'entreprise des demandeurs d'emploi, renforcement des dispositifs d'alternance? Le champ est si large que les partenaires sociaux soupçonnent l'État d'utiliser le fonds pour financer sa politique. « C'est un outil de communication pour le gouvernement. Il veut pouvoir annoncer des mesures et demander ensuite au fonds d'apporter l'argent », souligne Maurad Rabhi de la CGT, qui accompagnera Bernard Thibault à l'Élysée demain. Plus nuancé, jugeant que le texte est un « bon équilibre », Marcel Grignard, le numéro deux de la CFDT, reconnaît toutefois qu'il reste des points à régler : « La place effective des régions, l'effectivité du fonds et la question du financement ».ConfusionLa plus grande confusion règne, en effet, autour des sommes dédiées au Fiso. Les partenaires sociaux sont sollicités via l'assurance chômage et via les fonds de la formation professionnelle qu'ils gèrent paritairement. L'État, lui, s'engage à hauteur de 1,5 milliard d'euros, en puisant dans le plan de relance, le collectif budgétaire, mais aussi dans le fonds d'expérimentation de la jeunesse ou le fonds social européen. Face à ce maelström, les partenaires sociaux craignent qu'au final leur contribution soit bien supérieure à celle de l'État. Et espèrent avoir des éclaircissements demain à l'Élysée.
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