Gazprom soigne son image

Florence Autret, à BruxellesEn 2006, la première interruption des livraisons de gaz russe avait porté un sérieux coup à l'image du groupe russe. Gaz­prom décida alors de gommer son image de bras armé de la diplomatie russe et de se dessiner un profil de multinationale (presque) comme les autres. Il entreprit aussi d'apprendre les usages bruxellois. C'est ainsi que, depuis deux ans, ses relations avec la presse européenne à Bruxelles, Paris ou Berlin, sont orchestrées par la fine fleur des spin doctors européens, Gplus. Cabinet de conseil en affaires publiques en vue installé à un jet de pierre du Berlaymont, le siège de l'exécutif européen, Gplus recrute parmi les anciens porte-­parole de commissaires, travaillant aussi pour Microsoft, Visa. Le Kremlin compte également parmi ses clients depuis la présidence russe du G8. Dans la crise actuelle, cette stratégie porte ses fruits. Le géant russe a établi l'hiver dernier une « ligne rouge » avec le commissaire Andris Piebalgs, en charge de l'énergie, et avec le cabinet du président Barroso. Tout au long des dernières semaines, la Commission a été tenue informée du pourrissement de la négociation avec Kiev. Gazprom, en dépit de la brutalité de sa stratégie, ne porte pas aux yeux de l'opinion la responsabilité de la crise. Jeudi, le président de Gazprom, Alexeï Miller, a toutefois boudé les députés européens qui voulaient l'auditionner et il a refusé de rencontrer les journalistes dans la salle de presse baptisée du nom de la journaliste russe assassinée Anna Politkovskaïa.ciment allemandS'il consent à poser ­quelques briques à Bruxelles, le ciment de ses relations avec les Européens est allemand. à entendre Alexeï Miller, le deal euro- russe sur l'envoi d'observateurs aux points de transit ukrainiens avait été scellé mercredi soir au téléphone entre la chancelière Angela Merkel et le Premier ministre russe Vladimir Poutine. En Allemagne, Gazprom est plus qu'un fournisseur. Son partenariat avec Wintershall, une filiale du chimiste BASF, noué il y a quinze ans, a totalement changé la donne tant pour l'approvisionnement que pour le transit. Les deux alliés se sont même offert, pour arriver à leur fin, les services de deux anciens chefs de gouverne­ment?: l'ex-chancelier Gerhard Schröder et l'ex-Premier ministre finlandais ­Paavo Lipponen. Le 14 décembre, Reinier Zwitserloot, président de Wintershall, a été décoré de l'ordre de l'amitié de la Fédération de Russie, la plus haute distinction qui soit attribuée à un non-Russe.
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