Moins de Russes, plus d'Américains

En mai dernier, à New York, le milliardaire russe Roman Abramovich avait créé la sensation en achetant un tableau de Francis Bacon pour la somme record de 86 millions de dollars. C'était hier. Avant la débâcle financière. Celle qui amputa de 20 milliards de dollars la fortune personnelle de l'oligarque exilé à Londres. « Cette crise touche tout le monde, y compris les grandes fortunes », se désole un marchand d'art. Et, ironie du sort, c'est ce même peintre qui ne s'est pas vendu mercredi soir chez Christie's. « Il est typique de ces artistes pour lesquels les prix sont montés trop haut et trop vite », souligne un observateur.Le marché de l'art a connu les mêmes excès que la finance?: beaucoup de fortunes vite faites se sont engouffrées dans l'art contemporain, comme un jeu ou comme symbole social au même titre que la maison à Chelsea ou le yacht. Et, lors de la vente historique de Damien Hirst en septembre dernier, Sotheby's s'étonnait même publiquement de ne pas connaître la majorité des acheteurs. Ce qui est sûr, c'est que Roman Abramovich, habituellement très « show off », s'est montré cette fois-ci très discret à New York. Les Russes, qui pouvaient représenter jusqu'à 30 % des ventes la saison dernière, se sont manifestement repliés. « Il y a moins d'acheteurs russes », reconnaît Florence de Botton, de chez Christie's, mais « les acheteurs sont toujours nombreux pour les ?uvres de qualité, vendues au-dessus des estimations ».acheteurs traditionnelsEt, comme pour se rassurer, chacun a salué à New York le retour des Américains ? 56 % des acheteurs chez Christie's ? et surtout la présence du grand collectionneur Eli Broad, après deux années d'absence des salles de vente. « Des acheteurs, souvent arrivés récemment, ont brutalement disparu », confirme le galeriste Philippe Ségalot. Mais, ajoute-t-il, « nous voyons revenir des acheteurs plus traditionnels qui avaient déserté un marché devenu excessif. Nous sommes finalement revenus à un marché plus réaliste et sans doute plus classique pour les professionnels, le constat est que le feu d'artifice est terminé, et les nouveaux collectionneurs ne feront plus grimper les prix au ciel. Mais les acheteurs sont également beaucoup plus nombreux et plus diversifiés. Le monde entier achète. Dans la plupart des pays émergents, les fondations et les musées d'art contemporain se multiplient, créant un nouveau flux d'achat. Et la Chine est devenue le troisième marché mondial de l'art, tous segments confondus. Si une bulle devait éclater, elle serait donc chinoise. éric benhamou text
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.