Nicolas Sarkozy, chasseur de têtesLa façon dont le futur PDG...

Nicolas Sarkozy, chasseur de têtesLa façon dont le futur PDG de Thales a été choisi illustre on ne peut mieux le modus operandi très particulier du capitalisme sarkozyste. À peine le président a-t-il consolidé le contrôle français du groupe électronique de défense, en permettant à son concurrent Dassault de monter à 26 % de son capital, qu'il impose à ce nouvel actionnaire fort, et contre sa volonté, le nouveau capitaine. En droit boursier, quand un actionnaire minoritaire ? l'État n'a que 27 % de Thales ? se comporte en majoritaire, on appelle cela un contrôle rampant, lequel vaut à son auteur l'obligation de lancer une OPA. Mais, au moment où la crise a ouvert la voie à toutes les interventions publiques, la notion de passage en force s'est volatilisée. Crise ou pas, n'a-t-on pas vu, depuis plusieurs mois, l'ancien collaborateur du président au budget, Pierre Mariani, à la tête de la banque Dexia ? il est vrai sauvée par l'État, mais aussi le directeur de cabinet de Christine Lagarde, Stéphane Richard, promu en successeur annoncé de Didier Lombard chez France Télécom ? Sans oublier bien sûr la nomination qui fit grand bruit du secrétaire général adjoint à l'Élysée, François Pérol, à la tête du nouveau groupe bancaire mutualiste, signe que la vision du président dépasse de très loin celle d'un capitalisme adossé au capital. Les dirigeants d'EDF, Areva, La Poste, la RATP, Air France et France Télévisions, qui attendent tous la décision du palais, le savent : se méfiant volontiers des acteurs en place, Nicolas Sarkozy veut placer des hommes de confiance, des hommes à lui ou qui le deviendront par une de ces promotions inopinées. « Homme de clan », murmurent certains, oubliant que sur ce terrain aussi il pratique l'ouverture. Mais, s'il passe outre l'avis du comité de sélection des administrateurs de Thales qui avait identifié de bonnes candidatures internes, c'est qu'il ne croit guère à la sagesse des décisions collégiales, ni à l'efficacité des conseils d'administration. Comme en politique, il ne croit qu'en la force de l'homme providentiel. Peut-être a-t-il raison. Mais cet acharnement à tout verrouiller finit par révéler la grande insécurité du prince : la peur que son action ne soit pas comprise par les Français. Et ce, parce qu'elle aura été mal relayée. Par les médias publics d'abord, comme par les grands patrons, qui ? il en est convaincu ? lui doivent beaucoup et lui rendent bien peu. Alors que l'échéance de 2012 approche, Nicolas Sarkozy prépare activement tous les relais qui seront nécessaires pour gagner une bataille qui s'annonce difficile. [email protected]
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