Joséphine Matamoros, ou la résurrection de Céret par l'artÀ ...

Joséphine Matamoros, ou la résurrection de Céret par l'artÀ la tête du musée d'Art moderne de Céret depuis 1986, Joséphine Matamoros a transformé cette modeste maison de province en un musée international. Picasso et Braque en ont fait la Mecque du cubisme en 1912-1913. Soutine y a forgé son style, Chagall y a illustré les « Fables » de La Fontaine. La petite ville de Céret, en Midi-Pyrénées, s'est souvent transformée en capitale de l'art moderne pendant les étés du XXe siècle. Il fallait bien un musée pour célébrer tout cela. L'institution a vu le jour en 1950. Trente ans plus tard, elle n'attirait pas plus de 3.000 visiteurs par an. Mais aujourd'hui, ils sont souvent 120.000 à se presser dans les salles. Cette résurrection, c'est à Joséphine Matamoros, l'actuelle directrice des lieux, et à son équipe que Céret­, 7.800 habitants, le doit.Rien, pourtant, ne prédestinait Joséphine à tenir les rênes d'une telle maison. Née en Catalogne espagnole, elle débarque en 1954 à Perpignan avec ses parents. Aucun ne parle français. « J'ai eu la chance de tomber sur un instituteur formidable, se souvient-elle. Trois mois après mon arrivée, dès que j'ai su parler français, il m'a installée au premier rang. Après, j'ai fait en sorte de ne plus jamais revenir en arrière. » De quoi se forger une philosophie pour la vie.La famille reste un temps à Perpignan, monte dans les Albères, s'installe à Céret. « Je n'avais alors aucune idée des peintres qui étaient passés par l࠻, raconte José­phine. Son bac en poche, la jeune fille part étudier l'espagnol à Toulouse avant de monter faire de la philo à la Sorbonne, où elle se frotte à l'art dans ses cours d'esthétique.De retour à Perpignan, elle participe à la création du Centre d'animation de la culture catalane. Il y a là un cabinet de numismatique dont il faut s'occuper. Joséphine Matamoros est désignée. « C'est comme ça que j'en suis venue à passer le concours de conservateur », explique-t-elle.À peine nommée au musée d'Art moderne de Céret en 1986, elle est chargée de rénover l'établissement. « J'ai mis le musée à plat pour essayer de comprendre son histoire. » Elle décide alors de se recentrer sur les artistes qui sont passés par Céret et sur ce qu'ils en ont fait.Lorsque le musée rouvre ses portes en 1992, il est aux normes internationales, prêt à entrer dans la cour des grands. Joséphine alterne une exposition historique avec une contemporaine. Chacune est accompagnée d'un catalogue, véritable carte de visite auprès des autres musées de la planète, lesquels commencent à lui prêter des ?uvres de plus en plus importantes.Elle crée un club de mécènes. « Le directeur des magasins But de la région m'a ouvert les portes de la communication en prenant en charge la première campagne. » Car il y a plus de trois millions de touristes chaque été dans la région. Pour les attirer, il faut aussi que les gens du coin se sentent au musée comme chez eux. Et ça marche ! Hôteliers, restaurateurs, directeurs de camping ou de tour-opérateurs n'hésitent plus à indiquer la direction du musée à leurs clients qui découvrent des collections et des expositions toujours très riches et accessibles à tous. On imagine les retombées économiques sur le village.De provincial, le musée de Céret est devenu international. Ce que la mairie seule ne peut plus financer. Alors Joséphine Matamoros convainc les élus de transformer l'institution en établissement public de coopération culturelle, financé par la région, le département et la ville. De quoi assurer le budget annuel. Soit 2 millions d'euros, dont près de la moitié provient tout de même des recettes billetterie et boutique.Bien sûr, tout n'a pas toujours été rose. Des élus ont pris le musée en otage pour faire campagne. Sans parler de la vie privée, forcément bouleversée. « On m'a proposé de prendre la direction du musée Picasso de Barcelone. J'ai toujours refusé, souffle Joséphine. Je me suis engagée ici. J'irai jusqu'au bout. » Yasmine You
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