Ça commence un peu comme un opéra de Gluck, dans un souffle qui semble venir des cieux. Avec anges, hommes mi-hommes mi-bêtes, figures étranges de la mythologie. Faunes dansants et sautillants. Et là épars, dans un bric-à-brac enchanté, des souvenirs de décors jaunis par le temps, caressés par une poussière qui laisse comme une brume dorée sur eux. Des voiles blancs s'enflent, se gonflent, comme une mer blanche écumeuse. Les Dieux se déchaînent. Les hommes luttent, se laissent anéantir. La volupté des cieux les vainc. La passion des hommes s'abandonne à la paresse. C'est ainsi que commence sur la scène du Théâtre du Rond-Point à Paris « La Veillée des Abysses », l'un des spectacles les plus connus de James Thiérrée, le petit-fils de Charlie Chaplin dont les créations mêlant cirque, théâtre et danse enchantent. Pour cette fois, Orphée est au paradis avec ses portes fermées que l'on doit escalader, auxquelles on s'agrippe comme des insectes. James Thiérrée marie le songe à la féerie des corps toujours en mouvement. Sans jamais savoir jusqu'où ils peuvent aller pour nous charmer. Nous surprendre. Ses chorégraphies s'abandonnent au burlesque et à la fantaisie, sans jamais oublier le mystère. Ce théâtre d'ombres nous renvoie à l'enfance. À cette innocence trouble qui l'habite. La magie des artistesDans cet univers chargé de rêves, Orphée se promène tel un vagabond sur un chemin jonché d'étoiles. De passage. D'un rêve à l'autre, sur terre, dans les airs, tels des elfes, bondissant de nuage en nuage. Jusqu'à ce qu'un navire repu de tempête, toutes voiles dehors, piloté de nouveau par les Dieux, l'entraîne vers d'autres cieux. C'est ça « La Veillée des Abysses ». Un spectacle porté par la magie d'artistes qui, le temps d'un songe, nous font croire que la vie est au c?ur même de la beauté. J.-L. P.« La Veillée des Abysses » Théâtre du Rond-Point, 2 bis, av. Franklin-D.-Roosevelt, VIIIe ? Tél.?: 01.44.95.98.21. Jusqu'au 4 janvier.© Richard Haughto

latribune.fr

02 Jan 2009, 1:32

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