Chine  : la fin de l'ouverture paisible

En 1949, le communisme a sauvé la Chine. Dix ans plus tard, la Chine a sauvé le communisme. En 1979, le capitalisme sauve la Chine. En 2009, la Chine va sauver le capitalisme. » Cette boutade, qui circule actuellement dans l'empire du Milieu, résume l'état d'esprit des 1.300 millions de Chinois : la crise économique financière fait figure de camouflet cinglant pour le modèle anglo-saxon, faisant pâlir la bannière étoilée américaine. Pas question cependant de se réjouir trop ouvertement à Pékin des déboires des États-Unis. D'abord parce que le moteur économique chinois, extrêmement dépendant de l'économie américaine, est lui aussi en train de freiner de façon alarmante, provoquant des sueurs froides chez les hiérarques du parti, habitués depuis trente ans à profiter d'une croissance moyenne du PIB de 9,8 % par an. Mais aussi parce que, même si le régime chinois a mis ces derniers jours les petits bols dans les grands pour célébrer le triomphe de son « socialisme aux caractéristiques chinoises », il entend garder à l'extérieur une image modeste conformément au concept, théorisé par le gouvernement en 2003, « d'émergence pacifique sur la scène mondiale ».Un concept qui doit en fait beaucoup au père des réformes chinoises, Deng Xiaoping, maître du pays à partir de 1978 et initiateur des réformes économiques en décembre de cette même année, il y a exactement trente ans. Deng avait compris que, pour obtenir des pays étrangers le maximum de technologies, d'argent et d'investissements, la Chine devait impérativement faire profil bas. Il fallait, disait le Petit Timonier, « cacher ses intentions et accumuler une force nationale ».l'affirmation chinoiseTrente ans plus tard, non seulement la Chine a récolté 760 milliards de dollars sous forme d'investissements directs, mais elle a signé à travers toute la planète des partenariats stratégiques, lui assurant son retour sur la scène diplomatique mondiale. En témoigne son adhésion en décembre 2001 à l'Organisation mondiale du commerce, ou sa participation au mois de novembre à la réunion du G20, à Washington.Mais les ambitions de Pékin ne s'arrêtent pas là, et si les trente dernières années ont été celles du rattrapage économique, placées sous le signe de la coopération pacifique, les prochaines décennies risquent d'être celles de l'affirmation chinoise. L'Union soviétique ayant disparu, la Chine entend désormais contrebalancer l'hyperpuissance américaine. En a-t-elle les moyens ? Sur un plan anecdotique, l'été dernier, les athlètes chinois, en remportant 51 médailles d'or aux Jeux olympiques, ont montré au reste du monde que les États-Unis, qui avaient terminé les trois compétitions précédentes en haut du tableau, n'étaient plus invincibles. Et il s'agissait bien sûr d'un avertissement, qui présageait de luttes sur d'autres plans plus fondamentaux. Dans cette confrontation, les sujets de friction ne manquent pas : soif chinoise pour les matières premières, ambitions militaires et spatiales de Pékin ouvertement affichées, accumulation des contentieux commerciaux, intention du fonds souverain chinois, question environnementale, intégrité territoriale, questions tibétaine et taiwanaise? Autant de points chauds, sur lesquels Pékin va défendre ses intérêts dans des termes dont l'Occident n'a pas encore l'habitude. Les héritiers de Deng Xiaoping vont donner du fil à retordre aux chancelleries occidentales.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.