La « riante primaire »

16 NOVEMBRE 2006Ségolène Royal est désignée candidate du Parti socialiste pour la présidentielle 2007.Elle remporte dès le premier tour la primaire organisée au PS, avec 60,62 % des suffrages. Ses rivaux, Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius, obtiennent respectivement 20,83 % et 18,54 % des voix. La campagne a été courte ? six semaines ? mais éprouvante. Trois débats télévisés, des meetings et des affrontements qui laissent des traces. Mais il faut remonter plus loin dans le temps pour retrouver les origines de la percée de Ségolène Royal. Les élections régionales de 2004 et sa victoire face à l'équipe de Jean-Pierre Raffarin en Poitou-Charentes. Et le référendum sur la Constitution européenne de 2005, qui déstabilise le premier secrétaire François Hollande, défenseur du « oui » et victime de l'offensive des « nonistes » emmenés par Laurent Fabius. François Hollande y perd provisoirement son destin travaillé de présidentiable, laissant dès lors la voie libre à Ségolène Royal. Il explique qu'elle est « devenue un symbole, sans qu'on y prenne garde ». Le 21 décembre 2005, « Le Nouvel Observateur » en fait sa « une » : « Elysée 2007, et si c'était elle ? ». Une montée en puissance qui irrite fortement les ténors du PS. « Qui va garder les enfants ? » lance Laurent Fabius à propos des ambitions parallèles du premier secrétaire et de sa compagne. Martine Aubry estime que la course à l'Êlysée n'est pas une affaire de « mensurations », Dominique Strauss-Kahn voudrait renvoyer Ségolène Royal à « ses fiches cuisine »? Lionel Jospin parle d'une panne de leadership qui a ouvert la voie au « surgissement d'un phénomène médiatique ». Les « éléphants » accusent en ch?ur François Hollande de « privatiser » le PS au profit de Ségolène Royal. sifflée par des militantsAvec la campagne d'adhésion « à 20 euros » qui aboutit à ce qu'un tiers de son corps électoral a rejoint le PS l'année de la primaire. Lorsque la campagne s'engage, Lionel Jospin et Jack Lang pensent à présenter leur candidature avant d'y renoncer. Le match oppose Ségolène Royal à Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn. Dans la dernière ligne droite, la campagne se radicalise. Ségolène Royal déconcerte avec ses propositions d'encadrement militaire des jeunes délinquants, de création de « jurys populaires », illustration extrême de sa « démocratie participative », ou de suppression de la carte scolaire. Les rivaux de la présidente de Poitou-Charentes mettent en cause sa « compétence », elle est sifflée par des militants strauss-kahniens lors d'un meeting au Zénith de Paris. Dans une vidéo diffusée sur Internet, on la voit fustiger les enseignants qui donnent des cours de soutien payants. Ségolène Royal retourne la situation en jouant largement sur sa victimisation. Elle devient la « gazelle » face aux « éléphants » et les sondages la placent en tête de la course. Qui plus est, elle bénéficie du soutien discret mais réel de l'appareil du parti.
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