Standard & Poor's lance un nouvel indicateur de solvabilité

L'aggravation de la crise bancaire a conduit les marchés à se préoccuper de l'adéquation entre le niveau de capitalisation de chaque établissement et les risques qu'il supporte. Une situation qui a mis en évidence les lacunes du ratio de fonds propres (Tier-1) utilisé dans le système prudentiel de Bâle II, en vigueur en Europe et aux États-Unis. Opaque et volatile, car très sensible aux hypothèses des banques sur les risques de pertes associés à chaque classe d'actifs, ce ratio est en outre peu comparable, du fait des différences de méthodologie (approche standard ou avancée) et des discrétions nationales accordées par les régulateurs.approche standardiséeAutant de failles que Standard & Poor's veut combler avec une nouvelle démarche dévoilée hier, Fondée sur un ratio dit de « capital ajusté du risque » (« risk-adjusted capital », RAC). Fruit de trois années de travail, cette approche standardisée vise à « fournir une vision indépendante et mondialement cohérente de l'adéquation du capital », explique Bernard de Longevialle, analyste crédit chez S & P. Le principe ? « Nous avons fait travailler des équipes d'analystes dans chaque pays pour établir des hypothèses de pertes pour chaque classe d'actifs dans un scénario de forte récession. » À savoir une chute du PIB sur trois ans comprise entre 5 % pour les pays les plus stables, dont la France, à 10 % pour les plus vulnérables. S&P propose ainsi un seul et unique coefficient de perte potentielle par classe d'actifs et par pays, là où les hypothèses utilisées par les banques peuvent varier du simple au sextuple. Ces hypothèses de pertes sont ensuite appliquées aux informations données par les banques sur leur exposition ? notamment dans le cadre du « pilier 3 » de Bâle II, qui exige de publier le montant des portefeuilles détenus par classe d'actif et par zone géographique ? pour calculer un montant total de pertes potentielles, auquel on rapporte les capitaux propres pour obtenir le ratio RAC. Celui-ci fournit donc un étalon (« benchmark ») unique et transparent (S & P a publié hier toutes les hypothèses retenues), qui peut être affiné par l'analyste en fonction de son appréciation du niveau d'agressivité de chaque banque, par exemple dans sa politique d'octroi de prêt.Première constatation, selon S&P, les ratios RAC sont inférieurs de 30 % en moyenne aux ratios Tier-1, ce qui se traduit par une perte de 1 à 4 points pour les grandes banques. L'intégration de cette démarche ne devrait toutefois pas chambouler les notes actuelles. L'agence, qui intégrera désormais cet outil à toutes ses analyses, prévoit de publier en septembre un échantillon de ratios RAC, qui couvrira au moins les 100 principales banques mondiales.B. J.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.