Un renforcement déguisé des fonds propres

Au lendemain de l'annonce de la mise à leur disposition par l'État français d'une somme de 10,5 milliards d'euros en échange d'émission de titres obligataires subordonnés, les banques françaises ont tenu à en justifier la nécessité. Lors d'un long développement, le président de la Fédération bancaire française a souligné que " l'enjeu central pour l'État et les banques est le financement de l'économie " . " Les banques ont un impact important dans l'économie et nous avons conscience de notre niveau de responsabilité " , a déclaré Georges Pauget pour justifier l'aide de l'État. Les banques françaises se sont ainsi engagées à augmenter leurs encours de prêts à l'économie de 3 à 4 %, soit environ 70 à 80 milliards d'euros, en 2009 (lire page 4) .En attendant, les titres émis par chaque établissement sont certes considérés comme de la dette mais ils ont l'énorme avantage de rentrer dans le calcul des fonds propres, nerf de la guerre des banques dans cette crise du crédit et de confiance sans précédent. Ainsi, chaque banque française verra-t-elle son ratio de solvabilité augmenter en moyenne de 0,5 point (voir graphique). La recapitalisation de 10,5 milliards d'euros permet de faire une pierre deux coups. L'État ne devient pas actionnaire mais son prêt permet aux banques de renforcer leur solvabilité. Malgré ce coup de pouce, Georges Pauget a tenu à marteler les propos du gouverneur de la Banque de France.REACTION DES MARCHES SANS EQUIVOQUE" Les banques françaises sont bien capitalisées et n'ont pas besoin de renforcer leur capital. " Et d'ajouter pour donner encore plus de crédit aux propos que " les banques avaient refusé une intervention de l'État en capital ". Reste qu'elles ont besoin de davantage de capital pour assurer entre 3 et 4 % de croissance des encours des prêts mais qui représente un niveau deux fois inférieur à celui de cette année ! Les marchés ne s'y sont pas trompés et leur réaction à la manne gouvernemental a été sans équivoque. Le premier bénéficiaire du plan, Crédit Agricole, a gagné en Bourse 15,74 % à 12,1 euros. Tandis que les cours de Société Générale et BNP Paribas ont bondi de 10,23 % à 48,42 euros et de 7,48 % à 59 euros. Les analystes ont tous salué le renforcement des fonds propres des banques françaises.Mais certains analystes ont toutefois souligné que le plan gouvernemental " est un pas dans la bonne direction mais ce n'est pas la solution à tous les problèmes ", a expliqué un analyste de Merrill Lynch à l'agence Dow Jones. La banque américaine a publié la semaine dernière une étude imputant une nécessité de fonds propres de 7,3 milliards d'euros pour BNP Paribas, de 6,5 milliards pour Société Générale et de 3 milliards pour Crédit Agricole. La Banque verte serait, dans cette hypothèse, la seule à avoir répondu à ses besoins pour se mettre au niveau de ses homologues anglo-saxonnes. Le gouverneur de la Banque de France Christian Noyer a déclaré que les " banques françaises se comparent très favorablement aux autres banques européennes grâce à la qualité de leurs fonds propres ". Georges Pauget a pour sa part répondu en déplaçant le sujet sur le terrain de la règlementation. " Cela n'a pas de sens de comparer les ratios de solvabilité des banques européennes car il n'y a pas d'harmonisation entre les régulateurs sur la définition des normes ". Le débat tant souhaité par Nicolas Sarkozy sur la règlementation bancaire au niveau international est en réalité déjà lancé.
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