à Londres, tous les quartiers subissent le krach de l'immobilier

Accroché au mur du salon, l'énorme écran plat de 2 mètres de diagonale, qui se transforme en miroir quand il est éteint, résume à lui seul le luxe ostentatoire de l'appartement. Entre l'immense salon, les quatre chambres, les quatre salles de bains avec baignoire en marbre, et la cheminée à gaz du salon qui se met en marche automatiquement quand les lumières centrales sont allumées, tout en met plein la vue. Prix de vente initial de ce joyau situé au sud de Chelsea, à Londres : 3,75 millions de livres (4,2 millions d'euros).Un tel prix aurait pu passer il y a encore six mois. Mais, avec la crise, plus aucun acheteur ne veut mettre autant. Le prix de vente officiel a déjà été réduit de 300.000 livres. « L'appartement se vendra probablement à 3 millions », estime Patrick Alvarado, l'agent immobilier de Douglas&Gordon qui s'en occupe. Soit une baisse de 20 % en moins d'un an.Les prix immobiliers britanniques sont en chute libre. Ils se sont déjà effondrés de 15 % en un an, selon Halifax, mais la chute totale pourrait dépasser 30 %. Tous les segments sont touchés. La crise avait initialement épargné les plus riches, mais depuis cet été, même les quartiers huppés de Chelsea et Kensington sont frappés.Les raisons sont doubles. La première, la plus évidente, est que l'immobilier britannique était entré dans une bulle gigantesque. En quinze ans, les prix ont triplé. Un achat était devenu inabordable : mi-2007, le prix moyen d'un logement frisait six fois le salaire annuel moyen, contre une moyenne de long terme de quatre fois. « Les prix sont allés un quart ou un tiers au-dessus de ce qu'ils devaient être », estime Chris Williamson, chef économiste à Markit, une entreprise d'informations financières. Une correction s'imposait, donc.L'attentisme domineLa deuxième raison du krach est naturellement la crise du crédit. D'un coup, les banques ont suspendu leurs prêts les plus généreux. Puis, les riches banquiers ont commencé à perdre leurs bonus, et maintenant leur emploi. « Après la faillite de Lehman Brothers, l'atmosphère a changé très vite à la City et les gens ont commencé à s'inquiéter pour leur job », raconte Ed Mead, directeur des ventes à Chelsea pour l'agence immobilière Douglas&Gordon.Désormais, l'attentisme domine le marché : le nombre de prêts immobiliers accordés en septembre et en octobre était en baisse de 43 % par rapport à l'année précédente. Ce chiffre semble d'ailleurs trop optimiste pour Ed Mead, dont le nombre de transactions a baissé de 75 % : « Le problème est que les vendeurs ne veulent pas admettre qu'ils doivent fortement baisser leurs prix. Ils continuent à croire qu'ils pourront vendre très cher. Mais plus vite ils accepteront que ce n'est pas le cas, plus vite le marché se stabilisera. »du cash, sinon rien !À l'autre bout de Londres, dans le quartier pauvre de Tower Hamlets, Simon Randal se désespère. Travaillant pour l'agence immobilière Cityfish, il n'a pratiquement plus de travail. « Je vends en moyenne une propriété par mois en ce moment. Mais l'agence à côté de moi n'en a pas vendu une seule depuis quatre mois ! » Dans cette partie de Londres, les prix ont chuté d'environ 20 %, selon lui. Ici, les acheteurs sont avant tout bloqués par le refus des banques d'accorder des prêts immobiliers. « Les seuls acheteurs sont ceux qui payent cash, parce qu'ils se disent que c'est plus sûr que garder leur argent dans une banque qui risque de faire faillite », précise Simon Randal.Jusqu'où ira la chute ? Howard Archer, économiste à Global Insight, prédit pour mi-2010 une stabilisation des prix 35 % en dessous du pic de 2007 : « Même si les mesures gouvernementales poussent les banques à prêter, cela va prendre du temps pour que la confiance revienne. De plus, les prix immobiliers demeurent encore élevés par rapport aux salaires. » La glissade n'est pas terminée. n
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