Anglo American dit non à Xstrata

C'est non. Hier après la clôture de la Bourse, le groupe minier sud-africain Anglo American a rejeté la proposition de fusion formulée par son concurrent suisse Xstrata, la jugeant « totalement inacceptable. » De fait, dans la journée, nombre d'analystes financiers voyaient mal les actionnaires d'Anglo American accepter la « fusion entre égaux » proposée dimanche par Xstrata, et estimée à 49 milliards d'euros. Selon les experts de Bank of America, une prime boursière de 30 % au moins devait être offerte aux actionnaires d'Anglo American pour les convaincre de la pertinence de l'opération. Le hic, c'est que le bilan d'Xstrata n'est pas des plus solides, avec une dette nette avoisinant les 10 milliards de dollars.Pis, au-delà des modalités financières, c'est l'aspect stratégique du rapprochement qu'Anglo American a rejeté. « Une fusion avec Xstrata diluerait significativement la part des marchés porteurs du platine, du minerai de fer et des diamants dans notre activité, tout en augmentant notre exposition au nickel et au zinc », s'emporte le conseil d'administration d'Anglo American, dans un communiqué, soulignant également la « différence de qualit頻 entre les actifs des deux groupes. C'est précisément la complémentarité des portefeuilles des deux entreprises qu'Xstrata avait vantée, affirmant qu'une fusion entraînerait la création d'un grand groupe minier diversifié, capable de rivaliser avec BHP Billiton, numéro un mondial du secteur, et autre Rio Tinto.Enfonçant le clou, Anglo American se dit capable de réaliser tout seul « des réductions de coûts importantes ». Les économies, c'était l'autre partie de l'argumentaire d'Xstrata en faveur d'un rapprochement avec Anglo American, la baisse de la demande de métaux obligeant les groupes miniers à ajuster leurs capacités de production. Les analystes de la banque Citi avaient chiffré à 750 millions de dollars les synergies annuelles qui résulteraient d'une fusion entre Xstrata et Anglo American.Avant même la réponse de ce dernier, le projet de fusion semblait mal engagé. En effet, les cultures d'entreprise des deux groupes sont très différentes. Anglo American est géré de façon centralisée et prudente, alors que le management d'Xstrata ne redoute pas de déléguer, ni de procéder à des acquisitions en s'endettant. De plus, le gouvernement d'Afrique du Sud, actionnaire à 5 % d'Anglo American, avait fait part hier de son inquiétude quant aux conséquences d'une telle fusion sur l'emploi. Enfin, les autorités de la concurrence n'auraient pas manqué de s'émouvoir d'un rapprochement entre Anglo American et Xstrata. Ce dernier aurait probablement dû céder sa participation de 25 % dans le producteur de platine Lonmin. Que va-t-il se passer à présent ? Il est peu probable qu'Xstrata formule une offre plus alléchante, ses finances ne le lui permettant pas. Mais la plupart des analystes ne croient pas à la possibilité, pour Anglo American, de rester indépendant. D'autres prédateurs pourraient sortir du bois. Notamment Vale, qui cherche à croître. Mais le brésilien souffre lui aussi d'une situation financière tendue. n
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