Les ménages fragiles sont plus vulnérables qu'il y a dix ans

étudeLa France compte près de 26 millions de ménages selon l'Institut national d'étude démographique. Parmi cette population, les ménages fragiles représentaient 4,2 %, soit un peu plus d'un million, en novembre 2008. En pleine tourmente économique et financière, ce taux était sensiblement le même qu'à la période similaire de 1997 (4,3 %), alors qu'à l'époque, la conjoncture était favorable. Toutefois, il apparaît dans l'enquête complémentaire réalisée au mois de mars par l'Observatoire des crédits aux ménages (OCM), et destinée à analyser leur situation, qu'ils sont nettement plus vulnérables qu'auparavant. Selon Michel Mouillart, professeur d'économie à l'université Paris X : « Les fragiles d'aujourd'hui sont plus fragiles que ceux d'il y a dix ans. »évolutions contrastéesAinsi, près de 52 % d'entre eux ont connu une baisse de leurs revenus au cours des deux dernières années. Pire encore : 86 % de ces ménages fragiles ont dû faire face à des dépenses exceptionnelles, par exemple en matière de santé, ou des coûts liés à un changement dans leur vie (perte d'emploi, divorce). Enfin, plus d'un ménage fragile sur deux considère ses dépenses courantes comme très difficilement supportables, contre un sur cinq en 2006.Un ménage est qualifié de fragile par l'Observatoire s'il remplit au moins un des trois critères suivants : le dépôt d'un dossier de surendettement auprès de la Banque de France ; juger que s'endetter est indispensable pour boucler les fins de mois ; ou estimer avoir des charges trop lourdes. À partir de ce constat, plusieurs évolutions ressortent de cette enquête. Tout d'abord, la proportion des jeunes ménages fragiles (moins de 34 ans) a fortement diminué, à 16,8 % en 2008, contre 28,3 % en 1997. À l'inverse, celle des 65 et plus a bondi à 19,1 % contre 6,6 % onze ans plus tôt. Par conséquent, la proportion de retraités a également explosé, avec 27,7 % en 2008 contre 12 % en 1997. Pour Michel Mouillart, l'explication est simple : « Soit le montant des retraites est insuffisant, soit il y a un manque d'adaptation à la nouvelle situation de vie notamment avec une conservation des habitudes de consommation. »Par ailleurs, le crédit immobilier semblerait être un placement sécurisant. En effet, parmi les accédants à la propriété, 21,5 % sont considérés comme fragiles, alors qu'ils étaient 31,9 % en 1997. Globalement, l'étude montre que le crédit n'est pas le facteur de fragilisation. En effet, la part des ménages fragiles sans crédit a augmenté, à 1,5 % contre 1,1 % lors de l'étude précédente, tandis que la part de ceux ayant un crédit a légèrement reculé, de 7,5 % à 6,6 %.Mais, une fois le ménage se trouvant dans une situation de fragilité, « sans facilités de paiement, la situation de ces ménages serait encore plus insoutenable », rappelle Michel Mouillart. Tout en soulignant que « l'environnement économique actuel, avec les plans sociaux et la montée du chômage, va sûrement aggraver ces proportions ».Ryadh Benlahrech
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