Michel Rollier s'accroche à la route« Je ne pensais pas que...

Michel Rollier s'accroche à la route« Je ne pensais pas que je pourrais diriger un jour un groupe de la taille de Michelin? » Michel Rollier n'a pas tort. Rien ne prédestinait ce Savoyard à prendre un jour, seul, les rênes du géant du pneu, si ce n'est « l'imprévisible » comme il le dit dans un souffle. 26 mai 2006 : l'emblématique Édouard Michelin est victime d'un accident tragique au large de l'île de Sein. C'est à sa demande que Michel Rollier a rejoint le groupe en 1996, avant qu'il ne le nomme, quelques années plus tard, directeur financier : « J'ai été très surpris quand en 2005, lors du départ à la retraite d'un autre cogérant, René Zingraff, il m'a dit qu'il souhaitait demander aux actionnaires de Michelin mon élection comme gérant. » Il restera cogérant jusqu'à ce jour tragique de 2006. « Il y avait deux gérants. Je me suis retrouvé seul ! » explique-t-il.L'histoire familiale des Michelin permet de mieux comprendre cette nomination expresse. Son père, François Rollier, qui fut aussi le cogérant du groupe, était cousin germain « par alliance » du père d'Édouard, François Michelin. « Cela a certainement rassuré beaucoup de gens chez Michelin en leur donnant le sentiment, à juste titre, d'une continuit頻, reconnaît Michel Rollier. Et ce financier, qui a d'abord passé vingt-six ans dans l'industrie papetière, au sein du groupe Aussedat-Rey, sait combien cette vertu importe aux Michelin.Avec ce titre de gérant commandité, l'homme de confiance de la famille inaugure un statut inédit dans l'histoire du Bibendum : « Cette fonction confère une très grande stabilité sur le plan juridique. Je suis nommé jusqu'à l'âge de 72 ans, je peux partir avant avec l'accord des actionnaires. J'en ai 64 aujourd'hui? » Michel Rollier aime à rappeler l'attachement du groupe à son fief historique et le fait qu'il habite lui-même à Clermont-Ferrand, comme le souligne le maire socialiste depuis 1997, Serge Godart : « Pour le patron d'une entreprise mondiale, résider à Clermont-Ferrand, ça a une signification, cela veut dire qu'une multinationale n'est pas nécessairement implantée dans la région parisienne et qu'elle n'a pas envie de perdre ses racines et les raisons pour lesquelles elle s'est attachée au sol auvergnat. » Michel Rollier confirme : « La présence à Clermont-Ferrand contribue à façonner l'équilibre du groupe. » Un équilibre dont il est le garant, ce qui n'est pas toujours évident, encore moins quand on parle de restructurations? « Il y a une conscience très forte que Michelin a des atouts fantastiques mais on ne les valorise pas encore complètement et nous devons régler notre problème de compétitivité. » Pour rattraper ce retard sur la concurrence et optimiser la compétitivité du groupe, Michel Rollier pointe du doigt « des progrès dans notre manière de travailler ».L'annonce mi-juin de la suppression de plus de 1.000 emplois pour améliorer la compétitivité des sites français ainsi que la fermeture de l'usine Sodemeca, dans le Nord, a fait l'effet d'une bombe? Mais le groupe est confronté à une nouvelle donne. « Il y a quelques années, les trois ?grands? avaient 60 % du marché mondial. Aujourd'hui on n'en a plus que 50 %. De nouveaux acteurs sont intervenus dans le paysage : ils sont coréens, chinois, et demain indiens. Nous devons les intégrer comme nouveaux concurrents, non dénués de talents? » explique Michel Rollier. « Croissance dans les pays émergents » et « nécessité de continuer à innover pour se différencier », deux éléments qui se superposent à la crise économique qui a touché de plein fouet le secteur automobile et l'industrie du pneu. « La deuxième partie de 2008 a été très difficile, les cinq premiers mois de l'année sont épouvantables. Au premier trimestre, on est à moins 24 % en volume, ce qui est colossal », constate Michel Rollier. Un contexte tendu pour ce dernier qui estime « tout à fait probable » que son successeur ne soit pas issu de la famille Michelin. En attendant, il travaille à laisser son empreinte avec « le souci d'avoir préservé des valeurs fondamentales ».Tatiana Renard-Barzach
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