La CGPME constate une dégradation des relations banques-entreprises

La menace se précise. L'enquête menée par la CGPME auprès de ses adhérents, dévoilée en exclusivité par La Tribune, témoigne des premiers effets de la crise bancaire sur l'économie réelle. Selon cette enquête, 36 % des 1.500 entreprises interrogées entre le 7 et le 20 octobre constatent une évolution défavorable de leurs relations avec leur(s) établissement(s) bancaire(s). Certes, les difficultés de financement des PME ne datent pas d'hier. Malgré la progression des crédits qu'elles accordent aux PME (+ 12 % en 2007, à 459,8 milliards d'euros selon la Banque de France), il est reproché depuis longtemps aux banques de ne pas assez accompagner le développement des PME. Ce qui expliquerait en partie la mauvaise volonté du secteur bancaire à communiquer régulièrement le montant de ces prêts. De ce point de vue, la crise a du bon, le gouvernement ayant réussi à tordre le bras aux établissements financiers qui publieront désormais ces chiffres à un rythme mensuel.Concrètement, cette enquête indique une frilosité accrue des banques. Elles demandent plus fréquemment un cofinancement par pool bancaire, augmentent leur niveau de couverture (cautions, blocage des comptes courants...) jusqu'à 200 % du crédit et accroissent leurs coûts d'intervention (taux de crédit, frais de dossier...). En outre, les délais d'acceptation sont rallongés. À cette frilosité s'ajoute un durcissement des relations, les conseillers revoyant plus fréquemment la situation comptable des entreprises. Un prêt accordé en juillet peut désormais être annulé en septembre. La remise en cause des facilités de caisse est aussi plus fréquente, et les découverts engendrent plus rapidement des frais qu'auparavant.Parallèlement à l'augmentation du coût du crédit, dans le sillage de la hausse des taux d'intérêt, l'envolée des coûts peut aussi se situer à d'autres niveaux, notamment dans le basculement des charges, qui incombaient auparavant à la banque, vers l'entreprise (frais de comptage de monnaie, taxation des placements automatisés, entre autres).UNE PROTECTION LEVEEEnfin, la CGPME s'est intéressée à la garantie prévue par la loi Dutreil, qui permet de déclarer sa résidence principale insaisissable. En fait, le chef d'entreprise doit renoncer à cette protection dans 20 % des cas sous peine de se voir refuser l'accès au crédit. Certains pourraient appeler ça du chantage... " Dans ce contexte, l'aide gouvernementale de 22 milliards d'euros est bienvenue. Il faut maintenant que cet argent frais soit immédiatement disponible, ce qui n'est toujours pas le cas ", déplore Jean-François Roubaud, le président de la CGPME. Reste également à savoir si ce montant sera suffisant pour étancher la soif de crédits des PME et inciter les banques à accompagner davantage les entreprises dans leur processus de développement.
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