Bank of America reprend en main le pilotage de Merrill Lynch

Le siège de Bank of America (Bofa) l'assure?: le conseil d'administration que tiendra, la semaine prochaine, la première banque des États-Unis en termes d'actifs, n'a pas vocation à trancher sur l'avenir de Kenneth Lewis. En dépit de la tournure calamiteuse que prend la fusion avec Merrill Lynch, officielle depuis à peine trois semaines, le PDG de Bofa devrait conserver son siège, et bel et bien piloter l'intégration de la banque d'affaires new-yorkaise à l'établissement de Charlotte, Caroline du Nord.Hier, le titre Bofa perdait 1,6 % à 5,60 dollars à mi-séance avant de regagner quelques couleurs, et après avoir lâché 14,5 % jeudi, suite au limogeage de John Thain, le patron de Merrill Lynch (« La Tribune » du 23 janvier). La pression exercée sur Kenneth Lewis est énorme. Les analystes estiment que le patron de Bofa a manqué de discernement en achetant Merrill Lynch à la mi-septembre, accordant alors une prime de 70 % le week-end même où le Trésor laissait choir Lehman Brothers. Et ce, alors que Wall Street n'avait toujours pas digéré qu'en juillet dernier, Bofa se soit obstiné à conclure le rachat du numéro un américain du crédit hypothécaire, Countrywide Financial. Dans les deux cas, Lewis ? qui au total a réalisé plus de 120 milliards de dollars d'acquisitions depuis 2001 ? s'est déclaré convaincu qu'une amélioration de la conjoncture finirait par profiter à Merrill Lynch, Countrywide Financial et, in fine, à Bofa. « Cette entreprise générera des profits colossaux lorsque nous retrouverons un environnement économique normal, pas formidable, mais juste normal », a-t-il affirmé la semaine dernière. En attendant, Bofa vient de publier une perte de 1,79 milliard de dollars pour le quatrième trimestre 2008 ? la première en dix-sept ans ? tandis que Merrill Lynch a stupéfié le marché en annonçant une perte trimestrielle de 15,31 milliards de dollars.Après l'annonce du mariage de Bofa et Merrill Lynch, les analystes s'étaient montrés sceptiques sur le succès d'une telle union. Chez Citigroup, Keith Horowitz avait prévenu qu'à la fin du troisième trimestre 2008, 56 milliards de dollars d'« actifs hautement risqués » restaient logés dans le bilan de la firme au taureau. Les actionnaires de Bofa demandent donc des comptes. Deux plaintes en nom collectif (« class actions ») ont été déposées cette semaine. L'une d'elle reproche à la direction de Bofa de ne pas avoir fait état de « pertes estimées » chez Merrill Lynch avant d'engager les actionnaires à voter en faveur de la fusion. Selon une source proche du dossier, l'ancienne administration a fait pression sur Kenneth Lewis en septembre pour qu'il conclut le rachat de Merrill Lynch, dont la faillite n'était alors pas écartée. Or, la semaine dernière, le gouvernement américain a octroyé 20 milliards de dollars à Bofa afin d'absorber Merrill Lynch, portant le total de l'aide fédérale au groupe à 45 milliards de dollars. D'après les médias américains, John Thain s'est fait signifier son limogeage par Kenneth Lewis en personne. Le patron de Bofa reprochait à Thain de lui avoir caché l'étendue des pertes potentielles de Merrill Lynch et d'avoir annoncé les bonus de fin d'année à ses employés avec un mois d'avance, pour éviter que Bofa ne les réduise. Le procureur général de New York, Andrew Cuomo, enquêterait sur l'octroi de ces primes « de dernière minute ».John Thain, crédité de la modernisation de la bourse trans- atlantique Nyse Euronext qu'il a présidée, et pressenti pour devenir secrétaire au Trésor si John McCain avait gagné l'élection présidentielle, ne s'attendait manifestement pas à son éviction. Le 21 janvier, il avait acheté 84.600 actions Bofa. nDeux plaintes en nom collectif (« class actions ») ont été déposées.
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