Jacques-Antoine Granjon ou « la vérité si je vends »Pour ven...

Jacques-Antoine Granjon ou « la vérité si je vends »Pour vendre aux autres, il faut d'abord savoir se vendre? Le PDG de Vente-privee.com, Jacques-Antoine Granjon, cultive un look détonnant : cheveux longs, jeans troués, tee-shirt ouvert, bagues et collier, chaussures laquées noires aux bouts pointus démesurément longs? Est-ce là la clé du succès de cet entrepreneur qui a su rendre glamour le déstockage de marques en recourant à des clips regorgeant de créativité et de clichés sophistiqués ? « Le stock des marques, c'est un sujet très sensible : ils représentent entre 2 % et 7 % et ce n'est pas leur problème. Les marques ne doivent pas être freinées par ce casse-tête, donc nous, on leur trouve une solution. Et ça leur plaît parce que ça leur rapporte des bénéfices ! » explique celui qui, en l'espace de quelques années, a créé un empire sur Internet avec un concept tout droit sorti des grossistes du Sentier.« J'ai toujours cultivé l'indépendance », dit ce quadragénaire élevé dans un milieu bourgeois. Petit-fils d'entrepreneurs, Jacques-Antoine, né à Marseille, passe son enfance dans le XVIe arrondissement de Paris et loupe l'examen d'entrée à Sciences po : « J'ai préféré le réviser à Saint-Tropez », confesse-t-il. Il étudie quatre ans à l'European Business School (EBS). « Pendant ces années-là, je me suis toujours dit : je vais monter une affaire, j'aurai une idée de quelque chose. » Il passera à l'acte en 1985, avec un copain de l'EBS, Julien Sorbac, à qui il propose de suivre l'exemple d'amis achetant et revendant des stocks dans le Sentier. Ils ont 22 ans et se lancent avec 20.000 francs en poche. La Cofotex approvisionne aussi bien les marchés que de grosses boutiques de discount. « On menait notre vie de soldeurs, qui consistait à sortir, se coucher tard et faire de bonnes affaires ! » résume son ami et associé.Avec à l'époque un chiffre d'affaires de 35 millions d'euros, ce business de copains ? aujourd'hui il a 7 associés ? devient vite une véritable « cash machine ». Jacques-Antoine rachète en 1996 les anciennes imprimeries du « Monde » pour y installer son siège : « On a doublé notre chiffre d'affaires rien qu'avec ce bâtiment à La Plaine-Saint-Denis. » « Dans les années 2000, les marques avaient tellement investi dans leur image qu'elles voulaient de plus en plus contrôler la distribution de leur stock. On se dit ?on va monter une énorme solderie en ligne?, mais on s'aperçoit très vite que le business model ne va pas fonctionner. Ce qu'il faut sur Internet, c'est un flux permanent de gens qui viennent parce qu'il se passe quelque chose : Vente-privee.com était né. » Aujourd'hui, ce pionnier leader du secteur emploie plus de 1.000 salariés, table sur un chiffre d'affaires de 1,5 milliard d'euros d'ici trois ans et embauche à tour de bras : « On a recruté 350 personnes l'année dernière et 300 vont l'être cette année. On a besoin de ?produire? des ventes ». Un succès que le PDG de Priceminister, Pierre Kosciusko-Morizet, décrypte ainsi : « Il a eu une stratégie assez astucieuse en restant sous le radar des concurrents pendant un moment et puis quand il est sorti il était déjà très gros et avait pris le marché. » « Notre réussite passe d'abord par la qualité de service qu'on donne aux marques et que l'on offre à nos membres », ajoute Jacques-Antoine Granjon. Il a toujours considéré qu'il fallait travailler avec des amis bons commerciaux. Son avenir, il le voit international : « Il y a un énorme marché de stocks des marques en France et en Europe et nous sommes un site européen puisqu'on travaille en Allemagne, en Italie, en Espagne et au Royaume-Uni. Donc le marché est là, devant nous », conclut cet ingénieux patron qui ne connaît pas la crise. Tatiana Renard-Barzach
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