Les opérateurs mobiles alternatifs ne veulent pas être sacrifiés

Les opérateurs mobiles alternatifs sans réseau télécoms seront-ils les laissés-pour-compte de la quatrième licence de téléphonie mobile ? C'est ce que certains de ces opérateurs virtuels, qui comptent 2,6 millions de clients mais pèsent moins de 5 % du marché, craignent, depuis que le Premier ministre a annoncé le 12 janvier sa décision de favoriser l'arrivée d'un nouvel entrant, justifiée par « la nécessité d'aiguillonner la concurrence ». François Fillon n'a pas du tout évoqué l'amélioration du sort des MVNO (Mobile Virtual Network Operator), qui était pourtant la solution mise en avant par le gouvernement jusqu'à présent, après la parution, fin juillet, d'un rapport du Conseil de la concurrence dénonçant les conditions trop contraignantes (clauses d'exclusivité, droit de préemption, etc.), imposées par les opérateurs hôtes, Orange, SFR ou Bouygues Télécom. Éric Besson, lorsqu'il était secrétaire d'État au Numérique, en avait fait une de ses priorités. Son plan France numérique 2012, présenté en octobre, comprenait deux actions en faveur des MVNO : la mise en place d'un véritable marché de gros de la téléphonie mobile et la prise en compte des conditions techniques et tarifaires d'accueil des MVNO dans les appels à candidatures pour l'utilisation des fréquences. Éric Besson parti à l'Immigration, les opérateurs alternatifs redoutent que ces belles promesses ne restent lettre morte.débat prévu le 5 févrierLe collectif Libre choix, qui regroupe des acteurs alternatifs de plusieurs secteurs s'ouvrant à la concurrence (énergie, télécoms, etc.), vient d'interpeller le gouvernement en lui demandant la prise en compte des MVNO. « L'attribution de cette quatrième licence doit être l'occasion d'imposer au nouvel entrant et aux opérateurs de réseaux historiques des conditions d'hébergement plus justes sur le plan technique, contractuel et tarifaire », plaide-t-il. Le débat au Parlement sur la « stratégie globale d'attribution des fréquences » est prévu le 5 février. Dénonçant un marché « verrouillé par l'oligopole des trois opérateurs historiques », ce collectif fait valoir que « si les bénéfices de l'arrivée d'un quatrième opérateur sont indiscutables, la vraie concurrence ne pourra venir à court terme que des MVNO » qui sont « les seuls capables de proposer des baisses de tarifs immédiates », le temps que le nouvel entrant construise son réseau, soit au moins deux ans. Or les MVNO demeurent cantonnés au rôle de simples revendeurs de minutes achetées en gros à l'opérateur de réseau« Nous souhaitons que figurent, dans l'appel à candidatures sur les fréquences, des conditions explicites pour les MVNO, dans tous les lots, celui du nouvel entrant et ceux ouverts à tous », précise Grégory Gosset, directeur général de Tele2, qui est membre du collectif Libre choix. Plus concrètement, « il nous faut un accès au réseau, c'est-à-dire à la base de données clients, sur les usages, la localisation, afin d'avoir une vraie indépendance marketing, comme c'est le cas dans d'autres pays. C'est un prérequis à la viabilité du modèle économique des MVNO », explique-t-il. L'association Alternative mobile, qui regroupe les principaux MVNO, préfère attendre le débat du 5 février pour sortir de sa réserve.
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