Les fournisseurs de services aux hedge funds en pleine évolution

C'est bien connu, le malheur des uns fait le bonheur des autres. Après la faillite de Lehman Brothers, leader de l'industrie de l'intermédiation dédiée à la gestion alternative (prime brokerage), les choses ont changé. Pour Sophie Thieux-Billiard, responsable de l'activité prime brokerage France chez Credit Suisse, « la faillite de Lehman a accéléré le mouvement que nous anticipions depuis un moment, à savoir un repositionnement des flux vers les filiales de banques commerciales et non plus vers les brokers dealers ». Car cette faillite a rappelé à plusieurs prime brokers que cette activité pouvait être consommatrice de fonds propres, d'où la nécessité d'être adossé à une banque commerciale. C'est pourquoi ces dernières, comme Credit Suisse, UBS ou Deutsche Bank, grignotent peu à peu les parts de marchés de brokers dealers, tels que Morgan Stanley ou Goldman Sachs. Et cette croissance des flux vers ces professionnels devrait continuer, les investisseurs étant de plus en plus prudents. « Aujourd'hui les investisseurs demandent aux hedge funds quels sont leurs prime brokers, avec qui ils travaillent, et souhaitent une plus grande diversification des risques. Cela augmente d'autant plus les flux vers les banques commerciales », constate Sophie Thieux-Billiard.plusieurs réflexionsMais la faillite de la banque américaine pourrait avoir d'autres conséquences sur l'activité de prime broker. En effet, plusieurs réflexions sont en cours sur le métier même de prime broker, la FSA britannique ayant proposé quelques pistes portant sur une meilleure utilisation des actifs entre les différents clients d'un même prime broker. Jusqu'ici les titres détenus par le prime broker étaient réutilisés pour financer les clients utilisateurs de levier, de manière agrégée. La réflexion d'aujourd'hui porte sur la possibilité de considérer les clients et leurs comptes en fonction de leurs propres besoins de levier et ainsi permettre une utilisation des actifs plus juste. Cela permettrait une meilleure utilisation des titres prêtés entre les clients engagés en levier ou non.Et malgré une activité des hedge funds montrée du doigt, le prime brokerage continue à bien se porter. « Même si le besoin de levier est moins élevé qu'il y a quelques mois, notamment par le faible prix des actifs, il y a toujours des opportunistes qui se lancent sur de nouvelles stratégies et qui ont donc recours à nous », déclare Sophie Thieux-Billiard. Ainsi, outre les hedge funds déjà installés, réorientant leurs stratégies, bon nombre de start-up semblent aussi se lancer. Et ce pour une raison simple : ces derniers mois, les banques d'investissement ont coupé leurs effectifs en salle de marché, générant un véritable vivier pour les entrepreneurs qui veulent lancer leur activité de hedge funds. Marianne Lagrange
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