Vers une négociation houleuse sur les retraites complémentaires

Alors que la polémique bat son plein sur l'avenir de l'assurance chômage, une autre négociation majeure débute aujourd'hui entre syndicats et patronat, puisqu'elle concerne 28 millions de Français. La réforme des régimes complémentaires de retraite touchera en effet 18 millions d'actifs du secteur privé et 10 millions de retraités. L'enjeu est simple?: comment empêcher les régimes Agirc (cadres) et Arrco (ensemble des salariés) de sombrer dans les déficits?? Les partenaires sociaux s'opposent frontalement sur les solutions, alors que les pensions complémentaires pèsent en moyenne 66 % de la retraite d'un cadre, et 33 % d'un non-cadre.La première divergence concerne l'architecture même des régimes. Alors que seules les retraites complémentaires sont aujourd'hui fondées sur l'acquisition de points, donnant droit ensuite au versement d'une pension, le Medef veut rebâtir tout le système sur cette base. L'intérêt, du point de vue du Medef? ? La pension serait calculée non plus sur les vingt-cinq meilleures années, mais sur toute la carrière, d'où une économie, et une forte incitation à prolonger son activité. Voilà pourquoi le patronat presse le gouvernement d'ouvrir une négociation générale sur les retraites en 2010. Face aux déficits sociaux, l'État pourrait être tenté d'aller dans ce sens. Mais les syndicats s'y opposent. érosion des pensionsIls demandent en premier lieu de mettre fin à l'érosion des pensions. « Comment expliquer à un cadre qu'en 2020 il ne touchera que 45 % à 46 % de son dernier salaire?? s'interroge Danièle Karniewicz, présidente CFE-CGC de l'assurance retraite. Nous ne pouvons plus baisser les rendements en douce, c'est notre responsabilité de syndicats d'avertir les assurés. » En effet, depuis la signature du dernier accord Agirc-Arrco, en 2003, le rendement des régimes a fortement reculé, passant de 7,5 centimes à 6,64 centimes pour 1 euro cotisé (Arrco) et de 7,17 à 6,75 centimes par euro versé (Agirc), selon le président de l'Arrco, Bernard Devy (FO). En cause, le mode de calcul du « point » permettant de constituer les pensions?: le salaire de référence, qui détermine le nombre de points acquis, est fixé en fonction de l'évolution du salaire moyen, alors que la valeur du point évolue comme les prix (hors tabac). Cette décorrélation s'est révélée très défavorable aux futurs retraités. Y mettre fin accentuera donc les difficultés. L'autre levier dont disposent les régimes pour accroître leurs ressources réside dans la hausse des cotisations. Les syndicats le veulent, mais le Medef bloque. Le patronat souhaite en revanche reculer l'âge de départ à la retraite. Cela passerait par la renégociation de l'AGFF, qui finance la retraite complémentaire entre 60 et 65 ans. Le Medef verrait bien un âge minimal de 62 ou 63 ans. La plupart des syndicats ne veulent pas entendre parler.
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